Armée : Les 8 défis majeurs
Nous avons beaucoup de généraux, de colonels, de lieutenant colonels… Et on en passe de ces nombreux gradés qui se bousculent au portillon durant la transition, et même avant la transition pour monter en grade. Engagez-vous, vous réussirez…
Les Forces de l’ordre ont été sollicitées pour mater les mouvements dans la rue sous le régime de Rajoelina. Et à ce jeu, elles ont excellé (excusez le verbe) en nombre de jets de « lacry », en coups de matraques, d’arrestations aveugles ou ciblées… Un colonel promu Général, par la suite, s’est même vu attribuer le sobriquet de «Jeneraly baomba » par les opposants au régime transitoire. (Ndla : « Je déplore ce surnom », a déclaré l’intéressé à la presse, avant-hier).
Cela dit, pendant la transition (et même avant), on notera huit constatations majeures pour ce qui est de l’Armée malgache, en général.
Premier fait indéniable : les méthodes musclées des Forces de l’ordre ont eu raison des mouvements de contestation, principalement, venant de la mouvance Ravalomanana. Second fait indéniable, la présidence de la transition était aux petits soins concernant les militaires et les policiers gradés et responsables directs de la sécurité. Quand l’argent entre dans le camp, la confiance entre soldats de terrain et supérieurs hiérarchiques en sort… Troisième fait indéniable : il existe au sein de cette Armée un malaise qu’explique la crise d’autorité et d’hiérarchie qui a commencé depuis la mutinerie au CAPSAT en 2009. Cela justifie les « toujours » rumeurs de coup d’Etat de ces dernières années.
«Un vent de renouveau souffle»
Quatrième fait indéniable : la présence d’éléments incontrôlables ou brebis galeuses, de mèche avec le grand banditisme. Plusieurs noms d’officiers sont cités dans le trafic de bois de rose. Or, le président de la République vient de déclarer la guerre aux trafiquants de ce bois précieux.
Cinquième fait, les soldats sont mal lotis. Et on se demande quels sont les critères de recrutement. Sont–ils là par vocation ou par convocation ? Et sixième fait indéniable : le souffle, au sein des forces de l’ordre, heureusement, d’un vent de renouveau ravivant l’espoir de ceux qui aspirent à un retour aux valeurs républicaines de ceux qui servent le drapeau national. Les sous-officiers en savent quelque chose. Septième fait indéniable et intolérable : la recrudescence du grand banditisme. L’affaire Remenabila a montré les forces et les faiblesses (surtout) de notre armée, habituée aux manœuvres citadines qu’aux arcanes de la traque des «dahalo ». Huitième fait majeur, enfin : comment gérer ces gradés (chef d’Etat-major, responsables de la sécurité présidentielle, chefs de corps…) qui, par leurs actions, leur fidélité, leurs privilèges et leurs fonctions stratégiques, ont bétonné la présidence de Rajoelina ? Comment les rassurer et assurer pour eux également des lendemains qui chantent quand le clairon du camp sonnera ? Oui, comment, sans renier les grands principes de justice, d’équité, énoncés lors du discours d’investiture ?
Traduits en langage de stratégie militaire, ces « faits indéniables » sont des «opérations à accomplir». Le président Hery Rajaonarimampianina, ancien grand argentier et adoubé Chef Suprême des Armées, est en connaissance de cause. La première grande manœuvre consiste, tout d’abord, à savoir séparer le bon grain de l’ivraie : en ce moment, il passe en revue et inspecte sa troupe. Ensuite, il procédera au casting pour constituer les différents cercles de sécurité. Enfin, il sera amené à réconcilier et à concilier pour que tout le monde, tête levée, et au garde à vous, regarde dans la même direction et partage ce leitmotiv patriotique : reconstruire le pays car c’est une Armée d’après-crise qui se met en ligne. Voilà pourquoi, face à ces enjeux, Hery Rajaonarimampianina ne devrait jamais baisser sa…garde.
E.A
