Assemblée nationale : Vers une nouvelle session extraordinaire pour réélire le bureau permanent
Les députés ne sont plus en session. Mais ils ne sont pas rentrés chez eux. Non pas qu’ils se plaisent à Antananarivo, mais parce qu’ils ont l’impression d’avoir raté quelque chose. Leur propre session. C’est qui est, en soi, déjà extraordinaire… Ils concoctent quelque chose…
Une nouvelle session extraordinaire de l’Assemblée nationale se prépare en ce moment. A l’ordre du jour, aux dernières confidences… l’élection du bureau permanent et la présentation du ou des Premiers ministres… Ubuesque ? Le MAPAR a bien calculé son coup. Il a raflé et le poste de président de l’AN et les postes de vice-présidents et même les commissions. Comme il n’y avait pas d’adversaires en face (la PMP a choisi la formule « chaises vides ») et comme les députés à tout faire GPS étaient fidèles au poste, comment résister à la tentation de la razzia ? Chose faite.
Le hic, c’était le couac. Un double couac. Primo, l’absence des textes réglementaires pour que la procédure soit légale et légitime. Du moins, c’est l’avis de la PMP. Et des négociations auraient été menées durant le week-end et hier et cela va continuer pour remettre les pendules de Tsimbazaza à l’heure : élection du bureau permanent à refaire et repartage équitable et équilibré du gâteau. Si gâteau, il y a.
Petit rappel utile pour bien comprendre la situation. Avant l’ouverture de la session extraordinaire, des négociations et des accords de principe avaient eu lieu entre toutes les factions qui ont soutenu le Président durant la campagne électorale du second tour : le perchoir au MAPAR et les postes de vice-présidents aux autres alliés qui ont soutenu le Président Rajaonarimampianina. Ouverture de la session. Elections. Le MAPAR met tout dans sa poche. Les autres députés sortirent de la salle, mine défaite. Pâle et blanc comme un linge. Normal, ils ont été roulés dans la farine.
Quelques jours après, la PMP rebondit. Est-elle en train de manœuvrer, genre le grand bluff ? « On va saisir la HCC ». Qui « on » ? Certainement pas Mme Christine Razanamahasoa, qui a été élue président de l’Assemblée nationale. La loi stipule que la HCC ne peut être saisie que par le président d’une Institution dans le cas d’espèce. Alors qui ? La doyenne et le cadet ?
Secundo : les groupes parlementaires ne sont pas mis en place. Et à ce niveau, même le GPS a grincé des dents, car la loi interdit au groupe non répertorié au ministère de l’Intérieur comme parti dûment enregistré, de constituer un groupe parlementaire…
Session extraordinaire sans jeu de mot
Ce qui s’est passé à l’Assemblée nationale est effectivement extraordinaire, sans jeu de mot. MAPAR et PMP tentent de trouver un terrain d’entente. Et le MAPAR commence à mettre de l‘eau dans son vin. Le temps joue en sa défaveur. Plus il passe, plus Hery Rajaonarimampianina affirme son autorité de Président de la République et plus on sent que le vent commence à tourner. Sérieusement.
C’est en connaissance de cause que les analystes politiques s’attendent justement à des défections au sein du MAPAR et du GPS. Loi de la géométrie variable. Tous les interférents se positionnent par rapport au centre de gravité. Andry Rajoelina hier, ce centre s’appelle Hery Rajaonarimampianina aujourd’hui.
C’est la Constitution de la 4ème République qui veut que les choses soient ainsi. Il est logique que le Président de la République, garant de l’unité de la Nation et de l’équilibre du pouvoir, prenne son temps dans la nomination du Premier ministre. Deux noms sont avancés publiquement : Haja Resampa et Jules Etienne. Au fil des jours, on pense que le Président n’a pas arrêté son choix sur ces deux personnages. D’autres noms sortent du gibus. Une liste de noms arrangerait le Président qui y verrait là moins de pression et plus de liberté dans le choix. Et il est normal que la désignation au sein du Parlement fasse l’objet d’un grand débat et que le Premier ministre naisse d’une majorité… réelle.
E.A
