Après avoir occupé pendant cinq ans le poste de Country Manager de la Banque Mondiale à Madagascar, Coralie Gevers arrive au terme de son mandat et va prochainement rejoindre sa nouvelle fonction à Abidjan. La rencontre conviviale qui s’est tenue hier dans les locaux de la Banque Mondiale Anosy lui a permis de faire part de son optimisme quant à l’avenir du pays.
“Je suis arrivée il y a cinq ans dans le pays, pleine d’espoir. Je quitte ce pays pleine d’espoir et d’optimisme ». C’est en ces termes que s’est exprimée hier Coralie Gevers, Country Manager de la Banque Mondiale. Malgré le négativisme presque pathologique de certains dans ce pays, il faut reconnaitre que de nombreuses étapes ont été franchies. Il y a d’abord eu une transition politique qui s’est faite dans la sérénité et la maturité. S’y ajoutent une situation économique, budgétaire et monétaire saine ainsi qu’un investissement qui augmente des dépenses sociales qui, bien que faibles, commencent à reprendre, ainsi que la Jirama qui parvient à remonter son taux de recouvrement.
Coralie Gevers a également touché mot sur les réformes qui ont été en-
clenchées afin d’améliorer l’éducation, la santé ou encore de soutenir la décentralisation et favoriser l’inclusion financière. Après cinq ans, le pays a remonté la pente et s’offre maintenant la possibilité de passer à la vitesse supérieure, selon ses dires. Elle a ainsi témoigné sa reconnaissance envers les autorités du pays qui avaient une vision, prenaient des décisions et parfois des décisions « courageuses » pour le bien du plus grand nombre et à l’encontre de certains intérêts privés bien établis. « Je me réjouis de votre détermination à transformer le pays ». Les technocrates constituent aussi un atout pour le gouvernement. A la veille de son départ, la Country Manager de la Banque Mondiale ne manque pas de préciser que le pays aurait beaucoup à gagner s’il parvenait à capitaliser sur leurs expériences, plutôt que de les muter au rythme des changements politiques.
Les partenaires techniques et financiers, tout comme les sociétés civiles sont aussi auteurs de ces petites victoires. Ces dernières années, Coralie Gevers a observé un bon développement de plusieurs plateformes de sociétés civiles, capables d’analyser la gestion des finances publiques, de renforcer la redevabilité locale et de suivre de près les élections. Elle n’a pas oublié de mentionner les femmes entrepreneurs qui prennent des risques pour le développement du pays. La Country Manager voit par ailleurs en la jeunesse qui émerge, un signe d’espoir.
Il reste beaucoup à faire au niveau du développement humain, mais cela prend beaucoup de temps. « On est heureux de voir que le Président met l’emphase sur plus de constructions scolaires et de centres de santé. Il est tout aussi important de faire attention à la qualité de service ».
Niveau d’engagement et questions brûlantes
Il y a cinq ans de cela, le portefeuille d’engagement de la Banque Mondiale à Madagascar était à 600 millions USD. « Aujourd’hui, c’est le double soit 1,2 milliard USD et cela va continuer à augmenter ». A noter au passage que l’année fiscale de la Banque Mondiale commence le 1er juillet et se termine le 30 juin, soit dans quelques jours.
L’Etat a consacré tellement de ressources publiques pour les subsides aux carburants et à l’énergie, des ressources qui auraient pu être utilisées de façon plus productives pour réduire la pauvreté. L’accord qui a été trouvé récemment entre le gouvernement et les pétroliers a été basé sur un consensus. Aucun des deux n’a eu tout ce qu’il voulait. « Nous sommes heureux que ce soit le fruit d’une négociation et d’un accord commun ».
Nouveau Country
Manager
Présente hier dans les locaux de la Banque Mondiale Anosy, la Rwandaise Marie-Chantal Uwanyiligira, de passage à Madagascar, succèdera à Coralie Gevers. Elle prendra son nouveau poste à partir du 1er septembre prochain. Elle prendra en charge le dialogue et tout ce qui est programmation de financement avec le gouvernement. « Je n’ai vraiment aucun souci de continuité puisque les priorités de développement de Madagascar ne sont pas dictées par la Banque Mondiale, mais par les autorités du pays », précise Coralie Gevers.
Président du Sénat, représentant de la présidence, membre du gouvernement, diplomates, secteur privé et société civile ont été présents hier à Anosy. Hajo Andrianainarivelo, Ministre de l’Aménagement du Territoire, de l’Habitat et des Travaux Publics n’a pas manqué de souligner que Coralie Gevers est un des artisans de cette nouvelle dynamique de développement qui permet à la population malagasy d’avoir l’espoir d’un avenir meilleur.
C.R
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