Cette année, la célébration de la Journée mondiale de lutte contre la corruption se déroule entre les deux tours de l’élection présidentielle, une élection déterminante pour l’avenir de Madagascar. Profitant de cette célébration, le DG du BIANCO attire l’attention des deux candidats en lice sur les enjeux de la mise en œuvre de la Stratégie Nationale de Lutte Contre la Corruption tout en mettant en exergue les dix points dans lesquels il souhaiterait que ces derniers s’engagent pour lutter efficacement contre la corruption.
Pour mettre fin à l’impunité, il importe de supprimer toutes immunités et privilèges de juridiction depuis l’enquête préliminaire jusqu’à la phase de jugement pour tous les auteurs de faits de corruption et assimilés. Il convient ainsi de donner une compétence exclusive aux Pôles Anti-Corruption de poursuivre et de juger tous les faits de corruption et assimilés, ainsi que toutes les affaires liées au trafic de nos ressources naturelles. Il arrive en effet que des responsables étatiques soient enquêtés par le Bianco, mais le dossier se heurte par la suite à des obstacles à la phase de poursuite ou de jugement. Force est de constater que la procédure est longue est complexe au niveau de la Haute Cour de Justice, ne permettant pas de parvenir à une sanction déplore Jean Louis Andriamifidy, DG du BIANCO. D’où la nécessité de supprimer lesdites immunités.
Les candidats à la course à la magistrature suprême sont en outre appelés à prendre des dispositions réglementaires pour combattre efficacement l’enrichissement illicite, en définissant notamment les cadeaux illicites, et en donnant plus de latitude au BIANCO pour la vérification des Déclarations de Patrimoine des Chefs d’Institution, des membres du gouvernement et du Président de la République. Ils sont, par ailleurs, tenus de rendre beaucoup plus efficaces le gel et la confiscation des biens mal acquis, par la mise en place d’une agence de recouvrement des avoirs illicites et de respecter l’indépendance institutionnelle et financière de tous les organes de contrôle par un statut particulier, afin d’améliorer la transparence et la traçabilité des deniers publics, leviers importants de la bonne gouvernance. Il est tout aussi nécessaire de faciliter la possibilité de dépôt de plaintes contre des fonctionnaires corrompus et à réduire les possibilités d’intimidation contre les personnes osant dénoncer par un système efficace de protection des témoins et des donneurs d’alerte.
Afin de supprimer les pistons et autres favoritismes qui octroyaient des passe-droits, les concours devraient être obligatoires pour les recrutements dans la Fonction publique. L’enseignement civique et l’éducation à la lutte contre la corruption devraient également être obligatoires dans les curricula pédagogiques depuis l’enseignement primaire jusqu’à l’université. En outre, l’accélération de la dématérialisation des systèmes et procédures administratifs est préconisée en garantissant l’effectivité de l’e-gouvernance. Le BIANCO souhaite également que les candidats s’engagent non seulement à mettre en place et à opérationnaliser un système garantissant la transparence dans la passation des marchés publics et dans l’exploitation de nos ressources naturelles, mais aussi à prendre toutes dispositions légales et règlementaires pour plafonner les contributions aux fonds de campagne électorale afin d’éviter la captation de l’Etat.
Coût de la corruption
Le message du Secrétaire Général des Nations Unies, transmis samedi dernier à Antsirabe par Moussa Batraki, Conseiller en gouvernance du PNUD, un des partenaires de Madagascar dans la lutte contre la corruption, rappelle que le coût de la corruption dans le monde s’élève à au moins 2.600 milliards de dollars, soit 5% du produit intérieur brut mondial. Selon la Banque mondiale, les entreprises et les particuliers versent plus de 1 000 milliards de dollars de pots-de-vin chaque année.
La corruption ne date pas d’hier, elle nuit au pays et paupérise la population, entre autres. Elle alimente, en outre, des élections frauduleuses lesquelles sont susceptibles d’engendrer une instabilité politique, affectant la démocratie et exacerbant les inégalités et les sentiments d’injustice. Bien que des efforts aient été déployés, beaucoup reste à faire, selon les précisions apportées par la Ministre de la Justice Garde des sceaux Harimisa Noro Vololona. La mise en place de structures comme le CSI, le BIANCO, le SAMIFIN ainsi que le Pole Anti-Corruption, témoigne de la volonté d’endiguer le fléau. Des standards de service ont par ailleurs été mis en place au sein de différentes entités, mais la lutte contre la corruption nécessite une volonté politique et une contribution de tout un chacun. Le thème choisi pour la célébration nationale de cette année s’est d’ailleurs articulé autour de la «mobilisation de toutes les entités à la lutte contre la corruption, pour un développement humain durable». Portes ouvertes auprès des services publics, exposition itinérante sur la lutte contre la corruption, animation d’antenne et jeux radiophoniques, conférence débat, mobilisation par sono mobile, carnaval pour donner une ambiance festive à la célébration ont eu lieu durant une semaine anti-corruption du 03 au 09 décembre dernier à Antsirabe.
Claudia R.
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