BIANCO : Objectifs non atteints, mais volonté d’avancer
Dix années d’existence du Bianco et dix années de lutte contre la corruption. La première stratégie nationale de lutte contre la corruption, adoptée en 2004, était de réduire de manière significative la corruption. Des acquis ont été enregistrés dans les trois volets de la stratégie, mais l’ensemble des dispositifs du système anti-corruption n’a pas atteint les objectifs escomptés.
Avec un Indice de Perception de la Corruption de 28/100, Madagascar demeure dans la zone rouge des pays les plus corrompus. Après dix années de lutte, la corruption demeure toujours présente. La lutte contre ce fléau a même connu un recul depuis 2009, lié notamment à la crise politique et institutionnelle. «On a effectivement observé un affaiblissement de l’Etat, (…) une recrudescence de la pratique des abus en tous genres, dont la corruption généralisée et pratiquée à tous les niveaux de décision et d’exercice du pouvoir. La confiance du public en l’Etat était sérieusement entamée (…)», a indiqué, hier, Jean Louis Andriamifidy, DG du Bianco, au cours de la célébration de la Journée mondiale de lutte contre la corruption à l’Hôtel de Ville d’Analakely.
La lourdeur administrative favorise la pratique de la corruption, de l’avis du juriste et ancien Ministre de la Justice Imbiki Anaclet. Des abus sont perpétrés quant au recours aux marchés publics de gré à gré. Il n’y a pas immédiateté des sanctions pénales et le doute s’installe quant à l’intégrité de certaines sociétés civiles, entre autres. Il arrive également que des personnes de moralité douteuse sont nommées à des postes soulignés, a fait noter Imbiki Anaclet.
Nouvelle stratégie
Depuis le retour de Madagascar à l’ordre constitutionnel, l’Etat a manifesté sa volonté de faire de la lutte contre la corruption l’une de ses priorités. C’est dans ce sens que le Bianco, avec ses partenaires institutionnels, a initié l’élaboration d’une nouvelle stratégie. Il s’agit, selon les précisions de Jean Louis Andriamifidy, de capitaliser les acquis des dix années de mise en œuvre et, surtout, de pallier au manquement afin d’atteindre les nouveaux objectifs de l’horizon 2025 de sortir Madagascar définitivement de la zone rouge des pays les plus corrompus.
Le Bianco sera restructuré afin d’avoir plus d’efficacité et de réactivité dans sa mission. Le Bianco recommande également la restructuration de la Chaîne Pénale Anti-Corruption ainsi que la réforme du Conseil Supérieur de la Magistrature dans le sens de plus d’indépendance et d’effectivité dans l’accomplissement de leur mission.
Non à l’impunité
Lutter contre la corruption c’est répondre aux aspirations de la population à un mieux-vivre et à plus de justice, de l’avis du DG du Bianco. La corruption est commise impunément en toute arrogance par certaines personnes, jetant ainsi le discrédit sur l’État. Il est temps de redresser cet état de fait par des actions décisives. «Je lance un ferme avertissement (….). Le temps de l’impunité est révolu et le Bianco va prendre toute sa responsabilité pour restaurer l’État de droit et la bonne gouvernance. J’invite chaque citoyen, confronté à ces corruptions, à ne plus accepter ces pratiques et à dénoncer en fournissant des informations circonstancielles pour faciliter les investigations».
Stratégie intérimaire
En attendant la mise en place effective de la nouvelle stratégie nationale, un plan d’action au titre de stratégie intérimaire est mis en place afin d’obtenir des résultats significatifs dans une courte échéance. Il s’agit de restaurer au plus vite la confiance de la population au programme de la lutte contre la corruption, afin d’obtenir son adhésion et son soutien.
C.R
