Les appels de détresse des acteurs du secteur privé se poursuivent. La Chambre de Commerce et d’Industrie France-Madagascar CCIFM a fait part de la situation catastrophique et des problèmes principaux rencontrés par les entreprises. Des dispositions doivent être prises pour éviter que toutes les entreprises ne soient…à genou.
“Quand une économie est à genou, c’est très difficile de la relever. Des mesures d’accompagnement économiques sont indispensables pour éviter que le pays ne s’enfonce rapidement » de l’avis du Président de la Chambre de Commerce et d’Industrie France – Madagascar André Beaumont. La CCIFM regroupe à son actif 387 adhérents, représentant 36.000 salariés. « Depuis le début de la crise sanitaire, une baisse de 52% des activités des entreprises membres a été enregistrée. Ce qui a entraîné la mise au chômage technique de 6.000 à 7.000 personnes et le licenciement de 2.500 salariés en raison de l’arrêt total de l’activité de certaines entreprises. D’autres salariés font face à une obligation d’user des droits de congé payé, une réduction des salaires perçus ou encore un non-paiement des salaires. Ce manque de revenu des salariés formels qui vont s’ajouter aux pauvres, va créer de graves perturbations de l’économie » poursuit-il.
Les entreprises pour leur part, font déjà face à une réduction du chiffre d’affaires malgré une augmentation des charges (transport, connexion pour le télétravail, respect des mesures sanitaires). Elles estiment que si les gestes barrières sont respectées, les horaires de travail ne devraient pas être limités.
Absence d’aide
Si le secteur privé informel a bénéficié des aides comme le «vatsy tsinjo » ou encore le «tosika fameno», le secteur privé formel n’a bénéficié à ce jour d’aucune aide, autant pour les entreprises que pour les salariés. «C’est un signal négatif envoyé aux autres pays. L’Etat sacrifie sa relance à court terme et peut être même à moyen terme». L’Etat doit accompagner en urgence le redressement de l’économie et trouver une solution pour combler le manque à gagner des entreprises. Des actions doivent être prises en ce sens, bien que le fameux plan de mitigation ait été abandonné. La mise en place d’un système d’indemnisation du chômage par la création d’une agence dédiée avait déjà été suggérée. Le GEM avait proposé que ce travail soit confié à la CNaPS mais cela été refusé. « Si on ne peut pas le faire par la CNaPS, que l’on crée une autre agence » affirme André Beaumont.
Il importe que le gouvernement prenne des mesures de relance précises et spécifiques en concertation avec les acteurs économiques. Cela pourrait se faire par le biais du Groupement des Entreprises de Madagascar GEM. Le report d’échéance pour le paiement des charges sociales et fiscales est une mesure prise par l’Etat. Les entreprises demandent carrément une annulation et non un report, car leur trésorerie ne peut plus le permettre.
Déplacement en province
Les demandes d’autorisation spéciales pour pouvoir se déplacer en région constituent un autre problème pour le secteur privé. «Les laissez-passer émis par l’ancien Préfet de Toamasina ont été annulés. Pourquoi les entreprises seraient concernées par le limogeage du Préfet ? » s’indigne le numéro un de la CCIFM. «Si on n’a plus l’approvisionnement qui vient de Toamasina, bientôt ça va être la rupture des marchandises à tous les coins de rue » craignent les membres. Les marchandises arrivent essentiellement par bateau et risquent d’être bloquées dans la capitale du grand port. Pour Antsirabe, «des entreprises textiles ont besoin de faire inspecter leurs productions (masques et autres) avant de pouvoir sceller les containers, et éprouvent les pires difficultés à envoyer les inspecteurs SGS d’Antananarivo à leurs usines. Ceci est un frein aux exportations ».
Un appel au secours est ainsi lancé. Sera-t-il entendu ? Wait and see !
Claudia R.
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