Coup d’État, Transition, 07 février : Ratsiraka fustige Rajoelina et Ravalomanana
Même si le motif de la conférence de presse a été la présentation du livre-biographie de l’Amiral Didier Ratsiraka, les débats ont tôt fait de tourner autour des sujets brûlants de l’heure et du rôle de l’ancien président de la République dans le renversement de Marc Ravalomanana en 2009. Comme d’habitude, l’Amiral a tenu en haleine son auditoire…
Devant un parterre de politiciens de différents partis politiques, au Carlton Hôtel d’Anosy hier, pour la présentation de son livre-entretien, l’Amiral Didier Ratsiraka a encore frappé un grand coup médiatique. Il a en effet exprimé son opinion sur tous les faits marquants que le pays a traversés pendant plusieurs décennies. Il a abordé, à cette occasion, les sujets cruciaux dont la Transition de 2009, le coup d’Etat de 2009 et le massacre d’Ambohitsorohitra du 07 février 2009 toujours.
Selon ses explications, la France était derrière Andry Rajoelina pour évincer Marc Ravalomanana du pouvoir en 2009. Selon ses propres dires, l’Amiral Didier Ratsiraka n’était pas non plus d’accord avec les agissements de Marc Ravalomanana au sujet de la vente de milliers d’hectares de terre, dont Ambodiatafana, aux étrangers. D’autant plus qu’il n’accorde pas à Marc Ravalomanana le statut de Chef d’Etat étant donné que ce dernier avait fait un hold-up électoral ainsi qu’un coup d’Etat.
«Marc Ravalomanana avait admis à Dakar, devant les membres de la Communauté Internationale, avoir fait un hold-up électoral et un coup d’Etat. J’avais alors proposé un gouvernement d’Union nationale, une fois arrivé au pays, mais il ne l’a jamais mis en place».
C’est la raison pour laquelle l’Amiral Didier Ratsiraka avait milité aux côtés d’Andry Rajoelina, à cette époque, pour détrôner Marc Ravalomanana.
«Nous avions conclu un accord avec Andry Rajoelina pour que le sang ne soit pas versé dans notre mouvement. Le 16 mars 2009 à Iavoloha, j’avais donné l’ordre de faire peur à Marc Ravalomanana. Mais je n’avais pas ordonné de lui tirer dessus, et vous aviez vu qu’il s’était enfui… Mais le mouvement d’Andry Rajoelina s’est aussitôt essoufflé, c’est pourquoi Andry Rajoelina avait décidé ces effusions de sang à Ambohitsorohitra. Si le Général Dolin Rasolosoa n’avait pas été blessé, cela voulait dire que celui qui avait tiré se trouvait mêlé à la foule, derrière ou devant les manifestants», a souligné l’Amiral.
L’Amiral Didier Ratsiraka a clamé haut et fort qu’il n’était pas impliqué dans l’assaut du palais d’Etat d’Ambohitsorohitra.
Il a qualifié de « coup d’Etat » ce qui s’était produit à l’Episcopat d’Antanimena où l’ambassadeur des Etats-Unis de l’époque, SEM Niels Marquardt, avait été brutalisé et bousculé.
L’Amiral Ratsiraka avait proposé que le pays passe en Directoire militaire en 2009 et que l’officier militaire le plus haut gradé prenne les rênes. Mais « malheureusement », d’après lui, ce ne fut pas le cas.
L’Amiral Didier Ratsiraka n’avait pas approuvé l’auto-proclamation d’Andry Rajoelina président de la Transi- tion.
Durant son entretien avec Andry Rajoelina, celui-ci a promis de ne plus redevenir maire. L’Amiral lui a répondu tout simplement : «Mon jeune ami, il ne faut jamais dire jamais en politique». Il a également regretté que Rajoelina n’ait pas tenu sa promesse de l’accueillir à Ivato lorsqu’il (Didier Ratsiraka) rentrerait au pays.
Didier Ratsiraka n’a pas mâché ses mots durant cet entretien d’hier.
Lova R.
