‘‘Les dépenses quotidiennes des ménages ne cessent d’augmenter. Les prix du riz, de l’huile, du sucre, du savon, des œufs, du pain et même des «mofo gasy » sont exorbitants et ne sont plus à la portée du pouvoir d’achat de la majorité», déplore Harimino, jeune mère de famille. A tout cela s’ajoutent le loyer, les frais de scolarité et les différentes factures incontournables (JIRAMA, téléphonie…). Les avis sont unanimes sur un point : « seuls les salaires n’ont pas augmenté ».
Et encore, dans de nombreuses entreprises, les salaires qui avaient été réduits de moitié depuis la crise sanitaire du Covid-19 ne sont toujours pas, ou ne seront plus du tout, rétablis. Faly R., père de famille, salarié du privé, nous a confié ses principales préoccupations. «J’ai une fille en classe d’examens officiels. Ces derniers mois, j’ai négocié avec son directeur d’école pour qu’elle ne soit pas expulsée car je n’ai plus les moyens de payer régulièrement ses frais de scolarité, en dépit du fait que mon épouse travaille également».
De son côté, l’union des transporteurs a, elle aussi, laissé entendre récemment qu’à la prochaine hausse des prix du carburant, elle sera contrainte de réviser les tarifs des transports en commun. Cela va certainement aggraver les difficultés financières des ménages malgaches.
Nombreux vivent au jour le jour et doivent s’endetter pour survivre. Des observateurs estiment que c’est le pouvoir d’achat des populations qu’il faudra rehausser pour leur permettre de subvenir à leurs besoins. A maintes reprises, Rakotorova Rabetsara dit Lita, président du Réseau national de défense des consommateurs (RNDC) a suggéré l’augmentation des salaires des travailleurs, ainsi que la mise en place d’une politique monétaire garantissant la stabilité de l’Ariary.
Il y a un mois de cela, la solidarité syndicale de Madagascar (SSM) a lancé un appel à l’Etat sur la nécessité d’augmenter les salaires des travailleurs. Non seulement la crise sanitaire a eu des conséquences économiques désastreuses, mais le conflit qui oppose actuellement la Russie à l’Ukraine aura également des impacts considérables sur chaque ménage malgache. «Avec la dévaluation de la monnaie nationale et l’hyperinflation que cela entraînera, le pouvoir d’achat des travailleurs va immanquablement chuter. Une augmentation des salaires est requise. Par ailleurs, l’Etat devrait faire appel aux économistes pour discuter des réorientations stratégiques qui s’imposent, les priorités devant être en phase avec le contexte mondial », a indiqué Herizo Andrianavalona Ramanambola, président du SSM.
Pour les consommateurs, le plafonnement des prix des produits de première nécessité, qui sera effectif auprès des détaillants à partir de lundi prochain, est une bonne initiative qui permettra de limiter une hausse excessive. «Il s’agit d’une solution sociale qui tient compte du pouvoir d’achat de la population. Mais des mesures d’accompagnement s’imposent pour protéger aussi bien les consommateurs que les opérateurs », de l’avis d’un membre du Cercle de réflexion des économistes de Madagascar. Il estime, en outre, qu’il faudra assurer le développement des activités économiques afin d’augmenter le PIB par habitant ainsi que le pouvoir d’achat de la population.
C.R
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