Débats houleux sur le futur Premier Ministre
Andry Rajoelina, en présence de ses députés, a déclaré qu’il décline l’offre du MAPAR de le présenter en tant que Premier ministre. Rajoelina dénonce la trahison au sein de la famille politique et la fameuse majorité présidentielle qui inclut les opposants. La majorité présidentielle, pour lui, est le MAPAR. Il s’en prend publiquement à Hery Rajaonarimampianina.
. Président Hery Rajaonarimampianina : C’est moi qui décide»
Depuis que la HCC a servi une décision caviar, cette plateforme a montré un appétit d’ogre : présidence de l’AN, vice-présidence de l’AN et maintenant, la Primature et la majorité des sièges ministériels. Hier soir au Carlton, on a vu, au grand complet, les députés MAPAR et des députés pas si indépendants que ça. Pour Andry Rajoelina et les siens, le vin est tiré…
Oui mais, tiré ou pas, le HVM a décidé de ne pas le boire. Une coupe jusqu’à la lie ? Très peu pour cette plateforme présidentielle qui, après son cuisant échec lors de la mise en place du bureau permanant de l’Assemblée nationale, est déterminée à constituer une nouvelle majorité parlementaire pour soutenir (lire défendre) le Président de la République.
« C’est totalement inadmissible en termes d’éthique politique et de démocratie qu’un groupe qui ne représente que le tiers des députés prétende avoir et la présidence de l’Assemblée nationale et la primature », a réagi un député qui soutient Hery Rajaonarimampianina. On s’y attendait un peu. Les députés qui soutiennent le Président de la République et son collège de conseillers sont décidés à stopper la fringale politique du MAPAR.
Question : le HVM et la MAPAR ne sont-ils pas alliés ? Si oui, pourquoi n’ont-ils pas négocié ? Alliés, ils le sont (du bout des lèvres probablement). Ils ont négocié. Andry Rajoelina devait déplorer hier le jeu du HVM. «La majorité présidentielle, c’est nous », a-t-il ajouté, déplorant toute éventuelle exclusion du MAPAR dans la formation du gouvernement. Une mise en garde ?
Le Président de la République a eu des entretiens avec son prédécesseur. Quelques heures avant la déclaration du Carlton, le MAPAR et le HVM ont tenté une dernière négociation.
« Nous persistons et signons : le Président de la République dispose, à lui seul, du pouvoir de nommer le Premier ministre. Cela suppose qu’il dispose également du droit de ne pas nommer s’il estime que la personne ne remplit pas les conditions requises », a expliqué un responsable du HVM. « C’est lui le Président de la République (…) . Il est le garant de la stabilité de la République ».
. Andry Rajoelina : «Nous désignons le PM»
Andry Rajoelina était monté au créneau pour deux choses : décliner l’offre d’être Premier ministre que lui propose le MAPAR et dénoncer ce qu’il appelle la trahison du Président de la République et du HVM.
« Le Premier ministre présenté par le MAPAR sera nommé formellement », a souligné Rajoelina. Le message était clair : « Monsieur le Président, prenez garde. C’est nous qui vous avions fait élire et non la mouvance Ravalomanana… ».
On a senti dans le ton, un discours d’opposant. Un discours de mise en garde contre le Président de la République. Avec un arrière-goût d’amertume : son ancien ministre des Finances, devenu chef d’Etat, élu au suffrage universel, s’est frayé une nouvelle voie autre que celle qu’il avait tracée en 5 ans.
Non seulement, il lui tenait tête dans la nomination du Premier ministre, mais le Président de la République s’est allié avec des groupes politiques qui étaient contre lui durant la campagne électorale. Une alliance inique, à son avis. «Soyez lucide mon ami», devait-il lancer à Hery Rajaonarimampianina.
Hier amicales, aujourd’hui houleuses, les relations entre Hery Rajaonarimampianina, qui a tenté de relativiser et de dédramatiser le désaccord, et Andry Rajoielina impactent sur la vie nationale. Le destin les a unis. Le destin les a séparés. Mais chacun joue son avenir.
Andry Rajoelina est devenu un simple citoyen. Il n’est pas élu député. Il a perdu le pouvoir régalien du Chef de l’Etat. Cela signifie beaucoup de choses. Il a besoin de nouveaux ancrages pour rebondir et briguer le poste présidentiel en… 2018. Ou même avant. Autrement dit, il est vital pour lui d’avoir ses hommes et femmes à des postes d’envergure. Après le perchoir, la Primature avec un homme sur qui il peut compter… Sur qui le MAPAR peut compter.
La fringale MAPAR ne date pas des législatives. Tout ce remue-ménage repose sur le jeu d’intérêts. Sur des « deals ». Les uns sont caducs. Les autres ont à peine commencé. De nouveaux marchés juteux sont en vue. Le Président de la République a présenté un programme musclé. Et qui ne rassure pas vraiment les « privilégiés » du régime HAT et transitoire. Lorsqu’on regarde la nouvelle Assemblée nationale, on a senti dans les travées… l’opulence, la politique business (certains députés ont montré la volonté manifeste d’avancer réellement, reconnaissons-le quand même) à l’image de ces belles voitures garées dans le parking de Tsimbazaza. Faites-y un tour…
