Education : La communauté musulmane dénonce une provocation du MEN
Les hostilités sont ouvertes entre la communauté musulmane de Madagascar et le ministère de l’Education nationale. L’annonce de la fermeture de 16 écoles coraniques serait à l’origine de ce conflit.
La communauté musulmane de la capitale malgache s’insurge contre les déclarations du ministre de l’Education Nationale Paul Rabary de procéder à la fermeture de 16 écoles coraniques. Les représentants de la communauté musulmane, à l’occasion d’une conférence de presse qu’elle a donnée hier au restaurant Toko Telo d’Andrefan’Ambohijanahary, a annoncé que les propos du MEN s’apparentent à de la provocation pure et simple.
“Quel est l’intérêt de Paul Rabary de faire une déclaration publique alors qu’il aurait juste suffit d’adresser une lettre officielle aux responsables des établissements scolaires incriminés?” se demande Camille Mektoub, qui qualifie cet acte “d’irresponsable”, d’autant plus que le ministère de tutelle a relayé la décision controversée dans les réseaux sociaux.
Un autre responsable d’enfoncer le clou en indiquant que cette décision, même si elle reste au stade d’intention, n’en est pas moins insensée. Si le retrait d’autorisation concerne réellement les écoles coraniques, c’est que Paul Rabary a tendance à remettre en cause le Coran, ce livre sacré des paroles d’Allah, lequel a pour vocation d’éduquer la communauté. La communauté musulmane qualifie ainsi les arguments du MEN de “bidons”. Pour Camille Mektoub, « l’enseignement général prend largement le dessus au niveau des écoles coraniques. Quoi qu’il en soit, nous n’avons pas besoin d’enseigner le Coran à l’école, il y a la mosquée pour cela ».
La communauté musulmane a tenu à réitérer que les écoles coraniques de Madagascar n’ont pas pour attribution d’enseigner le terrorisme aux Malgaches. La radicalisation de l’Islam n’a aucun lien avec les contextes qui prévalent dans la Grande île, déjà mise à mal par les phénomènes de vindicte populaire, d’assassinat de prêtre, de viol de religieuses et de vols de cloches, et la liste n’est pas exhaustive.
La communauté musulmane n’a pas manqué de remettre en cause les qualités de sociologue du ministre Paul Rabary, dont la décision tend à faire l’amalgame entre enseignement général et religion. Pour elle, le MEN a bafoué les principes de la laïcité de l’Etat dans cette affaire en mélangeant affaire d’Etat et enseignement coranique.
La communauté musulmane suggère, en guise de solution, l’organisation d’une conférence nationale, laquelle sera placée sous la tutelle du Fikambanan’ny Silamo eto Madagasikara (FSM), aux fins de débats autour de la religion, mais également dans le but de séparer les bons grains de l’ivraie.
L.R
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