La crise sanitaire a fragilisé la situation sociale du pays et ralentit l’économie. D’où l’importance de la rencontre d’hier entre l’Etat et le secteur privé. Prévu durer deux 2H30, les échanges se sont allongés sur un peu moins de cinq tours d’horloge.
Globalement, le secteur privé a dénoncé la baisse notable du chiffre d’affaires des entreprises en raison de la réduction, voire, l’arrêt des activités, impactant sur l’emploi de centaine de milliers de personnes. « Il faudra 6 à 12 mois après le confinement pour que les activités reviennent à la normale », a indiqué Andrianavalomanana Razafiarison, président du groupement du patronat malagasy (FIVMPAMA) hier, au palais d’Etat d’Iavoloha. « Il faudrait mettre en place une plateforme d’échange pérenne à travers une commission thématique de travail et trouver une solution pour aider les travailleurs qui basculent désormais vers la catégorie de la population pauvre » a-t-il ajouté.
A l’issue de la rencontre, Hery Lanto Rakotoarisoa, président du Groupement des Entreprises Franches et Partenaires (GEFP) n’a pas caché son désarroi. «Je suis inquiet pour les collaborateurs. Aucune mesure immédiate n’a été adoptée pour les employés impactés. Pour le GEFP, 30% des employés sont au chômage technique ». Selon ses dires, les mesures préconisées par l’Etat s’articulent davantage sur la relance économique après la période pandémique alors qu’il importe de survivre au contexte actuel. « Si les entreprises meurent, comment les ranimer ? », se demande-t-il. « Il faut les maintenir en vie ».
Dans sa présentation, le Premier ministre a annoncé le soutien, à travers le Fonds Malgache pour la Formation Professionnelle, destiné à la reconversion des travailleurs pendant la crise sanitaire. Un soutien sera apporté aux services médicaux interentreprises afin d’assurer la continuité de la fourniture des soins aux travailleurs et les conseils et formations aux entreprises pour qu’elles puissent mieux se protéger contre les risques de propagation du Coronavirus.
Impôt, crédit
Le report des échéances fiscales ne constitue pas une solution durable. Le secteur privé sollicite une annulation du paiement des impôts afin de réduire les charges des entreprises en cette période de crise sanitaire. De l’avis du président du FIVMPAMA, « si une annulation totale n’est pas possible, le paiement d’un acompte devra permettre d’obtenir une carte fiscale avec une programmation du reste à payer. Les petites mines qui ont aussi suspendu leurs activités ne sont pas en mesure de payer les frais d’administration fiscale ».
En réaction à la mise à disposition d’une ligne de crédit aux PME/PMI, le FIVMPAMA estime que le taux d’intérêt ne devrait pas dépasser les 5% et des dispositions devraient être prises au sujet des garanties requises. Le secteur privé déplore, par ailleurs, le fait qu’une faible proportion des PME bénéficie du programme Fihariana. Par ailleurs, des sociétés des secteurs les plus impactés par la crise ne peuvent pas bénéficier du prêt bancaire « Miarina », a fait remarquer le représentant du secteur privé, ajoutant qu’ «il est temps de mettre en place une Banque Malgache pour le Développement ».
La baisse de prix du carburant figure également parmi les revendications du secteur privé.
L’Etat n’est pas un ennemi
« L’Etat ne constitue pas l’ennemi du secteur privé, mais il est prêt à apporter son soutien aux opérateurs économiques», a répliqué, pour sa part, le président Andry Rajoelina. Le locataire d’Iavoloha encourage d’ailleurs les opérateurs à investir au pays. Des mesures d’allégement du circuit administratif seront adoptées afin d’éliminer le système de monopole. La production et la consommation locale sont vivement encouragées.
A noter que le plan multisectoriel d’urgence, présenté par le Premier ministre Christian Ntsay s’articule autour de 3 axes : le renforcement de la gouvernance dans la lutte contre la pandémie, le renforcement des mesures relatives à la protection sociale ainsi que le soutien à la résilience économique pour une relance efficiente. «Je suis quand même satisfait mais il ne faut pas se limiter aux beaux discours, il faut des concrétisations et des impacts réels sur les entreprises, les employés et l’économie du pays », confie un chef d’entreprise qui s’est exprimé sous couvert de l’anonymat.
Claudia R.
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