Fianarantsoa : Un réglement de comptes tourne au massacre : 3 morts
Une chambre plongée dans le noir, des coups de feu suivis de gémissements d’agonie. Des marchands de zébus s’entretuent. D’une part, les victimes, de l’autre, les assaillants qui ont rameuté des tueurs à gage armés. Les conditions sont remplies pour un massacre en règle.
La ville s’endort. Mais dans les environs d’Antanambao Fiherenana, à Fianarantsoa-ville, les habitants sont réveillés par des coups de feu provenant d’une maison où ont trouvé refuge des individus connus pour être des marchands de zébus, le 7 octobre dernier, vers minuit. « Nous avons vécu l’enfer », raconte Tolotra, un des enfants du propriétaire de la maison qui a succombé, lui aussi, sous les balles des assaillants.
Ils étaient 8 hommes à passer la nuit ensemble dans cette maison. L’un d’entre eux a faussé compagnie à ses amis en premier. Un autre, dénommé Lôdy, s’est éclipsé, alors qu’ils étaient en train de manger, pour se rendre à l’étage, expliquant qu’il allait chercher le chargeur de son téléphone. C’était vers 21 heures. A cette heure précise, la maisonnée résonnait de ce qui semblait être des jets de pierre lancés contre le toit. Un peu plus loin, les gens ont aperçu les feux d’une voiture déposant 6 hommes à l’allure suspecte puisqu’ils semblaient armés.
Premier suspect
Après avoir mangé, chacun a rejoint son lit, ne s’inquiétant guère de ce qui s’était passé auparavant. 3 heures plus tard, vers minuit, la porte principale a été enfoncée à coups de pied. La barre de fer qui la condamnait de l’intérieur a rompu. « Cette barre de fer est très solide, mais bizarrement, il semble que quelqu’un a volontairement enlevé un des boulons pour faciliter l’irruption des malfaiteurs », a souligné Tolotra qui a immédiatement tourné ses soupçons vers Lôdy, un des marchands de zébus qui a prétexté récupérer son chargeur et qui s’était chargé de verrouiller la porte principale.
Les assaillants ont coupé en premier l’eléctricité. Dans la chambre plongée dans le noir, ils étaient les seuls à disposer de lampes torches. Ils ont cueilli un à un ceux qui ne faisaient pas partie de leurs amis. 3 mourront sur le coup. Le second à perdre la vie est le père de Tolotra qui a reçu une balle et un coup de couteau. «Le matelas sur lequel dormait mon père était maculé de sang, le sommier était brisé en mille morceaux», se souvient Tolotra, se remémorant cette nuit du massacre.
Premières arrestations
Deux hommes ont été arrêtés dans un premier temps. Celui qui était parti sans crier gare et le second, Lôdy, qui avait fermé la porte avant l’attaque. « J’étais étonné qu’il n’a eu aucune égratignure et qu’il avait toujours son argent sur lui. L’attaque a duré 30 minutes. Il s’était caché sous le lit, selon ses dires. Comment sa manœuvre aurait-elle échappé aux assaillants ? », se demandait Tolotra.
L’affaire ne s’était pas arrêtée là. Après la levée des corps, des traçes de sang suspectes ont été remarquées, partant de la chambre jusqu’à une maison distante d’une cinquantaine de mètre du lieu de la tuerie. « Après une enquête sommaire, les gendarmes ont su qu’un dénommé Haja a été gravement blessé dans cette maison. Une cuvette à moitié remplie de sang a été retouvée sous son lit », raconte Tolotra.
Comportement suspect
L’homme s’était rendu de lui-même à l’hôpital de Tambohobe. Or son comportement et ses explications des origines de ses blessures ont paru suspects aux médecins. Ces derniers ont immédiatement alerté les gendarmes. « Il n’a pas été blessé par balle mais par un coup de couteau qui provenait sûrement de l’une des victimes qui a défendu chèrement sa peau », justifie Tolotra. Haja a été arrêté et attend son proçès en compagnie de Lôdy et un de ses complices à la prison d’Ankazondrano.
Intervention
Le proçès devrait avoir lieu le 23 novembre prochain. Mais les familles des victimes s’inquiète déjà des agissements d’un gendarme à la retraite, pourtant un de leurs proches, qui les oblige à retirer leur plainte. Il a même sollicité le chef fokontany de la localité d’origine du propriétaire de la maison où s’était déroulé le massacre d’agir dans ce sens. Ce comportement suspect a obligé les familles des victimes à interpeller les autorités à voir de près cette affaire où 3 personnes innocentes ont perdu tragiquement leur vie.
Fah A. / MRz
