«Nous ne sommes pas à l’abri du financement du terrorisme et du terrorisme». Ces propos sont de Lamina Boto Tsara Dia, Directeur Général du Service des Renseignements Financiers (SAMIFIN). Selon ses dires, le risque est réel dans tout pays qui ne dispose pas de mécanisme de prévention et de répression de financement du terrorisme. Le terrorisme est malheureusement une infraction à caractère transnational puisqu’il ne tient compte ni des frontières, ni des individus. Le financement du terrorisme est également multiforme et on se doit d’adapter toutes les mesures de prévention et de détection de tous les flux illicites qui y sont liés.
Force est de constater qu’à Madagascar, nous ne sommes pas encore en mesure de contrôler et de surveiller les agissements d’organi- sations non gouvernementales ou cultuelles qui pourraient être des vecteurs de financements liés au terrorisme. Nous ne sommes pas non plus à l’abri de blanchiment de capitaux liés au financement du terrorisme. Notre interlocuteur ne manque pas de préciser que dans un pays où on a les différentes formes de crimes organisées, tels que le kidnapping, le trafic de ressources naturelles, la corruption, le détournement de deniers publics, le blanchiment de capitaux…., il faut se rendre à l’évidence que, derrière, il y a forcément le financement du terrorisme.
«Nous avons des informations concordantes qui laissent penser que Madagascar fait partie de l’itinéraire de la drogue dure. Les informations relayées dans les médias ne sont que les parties visibles du flux», rajoute-t-il. Des drogues en provenance d’Afghanistan transitent dans les pays de l’Afrique de l’Est et passent par Madagascar avant d’entrer à l’île Maurice pour être consommées sur place ou dispatchées à travers le monde. «Nous travaillons avec nos homologues de l’Afrique de l’Est et de l’île Maurice pour endiguer ce phénomène», précise Lamina Boto Tsara Dia. Nul besoin de préciser qu’Afghanistan est un pays à risque notamment en ce qui concerne le trafic de stupéfiants, le financement du terrorisme et le terrorisme proprement dit… Le risque est ainsi réel, d’autant plus que Madagascar est voisin de pays victimes d’acte de terrorisme comme le Kenya, Somalie. «Même sur le plan géographique, nous ne sommes pas à l’abri et il importe ainsi de prioriser les préventions».
Pour que la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme soit plus efficace, des sanctions financières ciblées/gel des avoirs ainsi que d’autres mesures obligatoires du Groupe d’Action Financière (GAFI) devraient être renforcées, tel que nous l’avions déjà précisé dans nos colonnes. Il en est ainsi de l’évaluation des risques et l’identification des typologies, l’amélioration du partage des renseignements et la coopération entre les secteurs public et privé sont préconisées. C’est également le cas de la mise en œuvre des sanctions d’interdiction de voyager, à l’endroit des personnes inscrites dans la liste des sanctions ISIL (Daesh).
Claudia R.
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