Gal Désiré Ramakavelo “La réconciliation politique est dépassée”
La réconciliation politique enclenchée par le Conseil des Eglises Chrétiennes de Madagascar (FFKM) est un concept tout à fait dépassé, estime le Général Désiré Philippe Ramakavelo, ancien ministre de la Défense nationale. Il s’est dit favorable à un processus basé sur la réconciliation des gouvernants avec les gouvernés. Interview.
Ma-LAZA : Le FFKM a repris depuis dimanche le processus de réconciliation nationale. Quelle vision portez-vous sur cette initiative des chefs d’église réunis au sein du FFKM ?
Gal Désiré Ramakavelo: En ce qui concerne la réconciliation nationale, je pense que c’est déjà dépassé. La réconciliation nationale, prévue par la feuille de route, est applicable à la période de transition de manière à ce que la réconciliation nationale aboutisse à une prise de pouvoir commun des anciens Chefs d’Etat et du président de la Transition. Comme la transition n’existe plus et que le pays est dirigé par un Président de la République élu au suffrage universel, il est impossible d’envisager une direction collégiale. Si l’on continue d’aller vers une réconciliation politique, ce sera certainement le chaos total.
Ma-LAZA : A votre avis, quel type de réconciliation nationale est adapté au contexte actuel ?
Gal Désiré Ramakavelo : Si la situation se complique, c’est parce que la confiance mutuelle ne s’est pas installée entre gouvernés et gouvernants. La réconciliation qu’il nous faudra mener, c’est la réconciliation du peuple avec les dirigeants. Il nous faut une refondation complète de la structure de l’État, de la manière de diriger le pays à partir de la base. A cet effet, je suggère une conférence nationale en vue d’élaborer une nouvelle Constitution et de définir les étapes des élections nationales à venir, afin de rétablir la crédibilité des gouvernants.
Ma-LAZA : Après des années de crise, est-il nécessaire de faire la paix entre frères d’armes ?
Gal Désiré Ramakavelo : Pour éviter le malaise au sein des Forces armées, j’estime que la réconciliation entre frères d’armes reste incontournable. L’histoire a laissé des traces pour ne citer que les affaires CAPSAT, FIGN, BANI. Tout cela ne va pas être réglé par magie ! Il nous faut une véritable réconciliation entre les militaires du fait qu’il y a toujours des militaires partisans. A mon humble avis, il faudra organiser des rencontres de manière à rétablir la discipline, le respect de la hiérarchie ainsi que la manière de désigner les gens en poste. Si l’on ne respecte pas l’éthique militaire, il sera toujours impossible de rétablir la cohésion au sein des Forces armées.
Recueillis par Vola Ravoavy
