La nécessité de baisser le prix du carburant a été martelée par le Président Andry Nirina Rajoelina lorsqu’il a dressé le bilan de ces 100 jours au pouvoir dimanche dernier. S’il a déclaré la guerre aux pétroliers, ces derniers semblent tempérer la situation, bien que pour l’heure, ils n’aient pas obtempéré.
Dans un communiqué à l’attention de la Banque Mondiale, les membres du Groupement Pétroliers de Madagascar réitèrent leur engage- ment à ne pas arrêter leurs activités ni cesser d’importer des produits pétroliers. «C’est leur raison d’être». De nombreuses entreprises sous-traitantes dépendent par ailleurs du secteur et toute mesure unilatérale ne préservant pas les intérêts de toutes les parties mettrait certainement en péril tout un pan de l’économie avec des conséquences sociales et économiques désastreuses.
Si différentes paramètres ont évolué, les prix à la pompe à Madagascar n’ont pas été ajustés. L’écart entre le prix affiché auprès des stations services et le prix que les clients auraient dû payer a été supporté par les distributeurs pétroliers, générant un passif important qui impacte fortement dans la trésorerie des distributeurs pétroliers. Pour rappel, l’Office Malgache des Hydrocarbures dans son bulletin pétrolier précise que le passif dû par l’Etat aux distributeurs au mois de janvier dernier devrait être de 245 milliards Ar. Toutefois, une compensation de 100 milliards Ar a été accordée aux distributeurs en septembre 2018 au titre de l’effacement d’une partie de leurs arriérés de redevances sur les entretiens routiers, ramenant le passif à 145 milliards Ar. Une somme, qui demeure considérable.
Une étude sur la structure de prix a été initiée pour parvenir à un prix socialement acceptable, une rentabilité des opérateurs leur permettant la poursuite normale de leurs activités, et ce, aucune subvention de l’Etat malagasy. Le GPM a adhéré à cette démarche en toute transparence et s’est réuni à plusieurs reprises avec des responsables du Ministère de l’eau, de l’Énergie et des Hydrocarbures et l’OMH. Des efforts significatifs ont été concédés sur les marges afin de contribuer à l’effort souhaité par le Président de la République de réduire les prix à la pompe, et ce, dans un contexte de flambée du prix international.
Étude de la Banque
Mondiale
Le GPM déplore le fait que les efforts des pétroliers se soient vite confrontés à une étude initiée par la Banque Mondiale dans laquelle ont été éludées toutes les réalités économiques auxquelles sont confrontés les acteurs du secteur. Coûts de financement élevés, taille du marché réduite, dévaluation de la monnaie nationale et bien d’autres postes de coûts n’ont pas été pris en compte selon eux. En termes de poids sur l’économie, le secteur emploie aujourd’hui plus de 7.000 personnes, investit chaque année plus de 175 Milliards d’Ariary afin de développer et maintenir des installations et équipements qui permettent aux consommateurs malagasy et à toute l’industrie de bénéficier d’un approvisionnement sécurisé et de qualité sur l’ensemble du territoire national.
Les pétroliers manifestent leur regret de ne pas avoir eu l’opportunité d’exposer dans le cadre de ces études de la Banque Mondiale ses réelles problématiques, ce qui aurait pu permettre d’apprécier le réel niveau de ses profits qui doivent s’inscrire dans des critères de rentabilité acceptables. Néanmoins, le GPM se dit conscient du souci des autorités de garantir à la population malagasy une transparence et un prix le plus abordable possible. Il témoigne à nouveau sa volonté d’accompagner ce processus au travers de discussions constructives, prenant en compte le contexte spécifique de Madagascar dont l’approvisionnement constitue un défi logistique quotidien, et l’intérêt de toutes les parties prenantes sans aucune exception. Ces discussions aboutiront-elles à un consensus? Wait and see.
C.R
Imprimer
