Hugues Rajaonson : Instaurer un climat favorable aux investissements
Pour que Madagascar relance son économie après avoir sombré dans une situation d’extrême pauvreté depuis 2009, il faudrait, d’après Hugues Rajaonson, spécialiste en économie publique, que nos stratégies se concentrent sur le choix, l’élaboration et la mise en œuvre de politiques publiques des secteurs porteurs, d’une part et sur les incitations aux investisseurs, d’autre part.
A court terme
Le prochain gouvernement devrait porter son choix sur des secteurs où la crise politique a porté un coup dur, alors qu’ils étaient générateurs d’emplois et de beaucoup de devises. Il en est ainsi du tourisme et de l’artisanat, d’un côté et des TIC, comme secteur d’activité en pleine expansion et générateurs d’externalités positives car ils permettent le développement de notre Capital humain (éducation…) et, surtout, de notre Capital social (réseaux d’affaires …), de l’autre.
Le prochain gouvernement doit aussi élaborer et mettre en œuvre une véritable politique économique en faveur d’un environnement favorable au développement des PMI et PME. La mise en place d’un climat de confiance est nécessaire pour que tous les acteurs économiques et sociaux soient assurés d’une forte probabilité de leur retour sur investissement.
Il importe ainsi que la Banque Centrale lance une politique monétaire dont le volet lié au crédit permet aux acteurs des PMI et PME d’emprunter facilement –à un taux d’intérêt raisonnable avoisinant les 2%- des fonds pour développer les activités de leurs entreprises. Mais cette initiative de la Banque Centrale devrait être accompagnée d’une politique de réforme fiscale incitative (élargissement de l’assiette fiscale moins contraignante, voire, allégée).
A long terme
Une politique publique basée sur une «vision» des 30 années à venir est requise sur le long terme. Tout d’abord, le gouvernement doit mettre en confiance les investisseurs locaux. Comme Madagascar ne dispose pas des moyens financiers et humains nécessaires pour exploiter les potentialités existantes, Hugues Rajaonson soutient que nous aurons également besoin d’une «politique spécifique» relative aux « Investissements Directs Étrangers » (IDE) pour rassurer les investisseurs internationaux qui apportent les moyens financiers d’une part, et qui assurent le transfert de compétences et de technologie aux Malagasy, d’autre part. Cette politique doit être introduite aux citoyens par le biais d’informations exactes sur les enjeux de ces IDE : création de valeurs ajoutées, nouvelles infrastructures et surtout, créations d’emploi.
Pour les investissements miniers, en particulier, Madagascar est déjà considérée comme un pays non favorable. Le dernier classement de Fraser Institute, un «think tank» canadien de renommée, nous place au 103ème rang sur 112 pays miniers.
Le pays devra faire des efforts afin d’attirer les investisseurs. La Loi sur les Grands Investissements Miniers (LGIM) a été façonnée de manière à garantir une stabilité à ces investisseurs. Apporter des changements à cette loi ne serait pas favorable à notre image de pays minier, car les investisseurs pourraient s’intéresser à d’autres pays plus accueillants.
Recueillis par C.R
