HVM et MAPAR : Les raisons du désaccord
Après la sortie médiatique de Rajoelina, quels sont les nouveaux enjeux ? Marc Ravalomanana peut se remettre en selle. En fait, il est question d’un double enjeu, d’un double retour : retour de Ravalomanana au pays et retour de Rajoelina au pouvoir. Tout ça n’est que des conjectures, le nouvel homme fort s’appelle Hery Rajaonarimampianina.
Ravalomanana doit bien se frotter les mains. Lui qui s’est engagé dans une longue traversée du désert, ce qui s’est passé, vendredi, entre Rajaonarimampianina et Rajoelina, arrangeait ses affaires et celles de ses 22 députés.
Mais quelle mouche a piqué Rajoelina ? On sait qu’il joue gros. Son avenir et celui de son équipe. Pendant les 5 années de transition, ils avaient tout pour relancer le pays. Qui n’a pas craint les faucons de la transition et leurs bras armés ? Ils avaient tout : le pouvoir sans contrôle, la police politique, une grande partie de l’Armée. Ils ont la possibilité de créer, de construire. Avec ou sans l’aide des bailleurs de fonds… A l’époque, l’opposition a été sévèrement muselée.Evidemment, l’Opposition Ravalomanana n’a pas eu l’intelligence de saisir les opportunités de s’exprimer : dire non durant le référendum, présenter un candidat naturel et logique lors des élections présidentielles, avoir plusieurs candidats dans une même circonscription électorale. Autant dans le camp Rajoelina que dans le camp Ravalomanana, on a pêché par excès de verrouillage. Des tentatives ont été menées pour ressouder le TIM, à titre d’exemple.
Pour en venir à la hache de guerre déterrée vendredi, il est maintenant quasiment impossible de réconcilier Rajaonarimampianina et Rajoelina. C’est une question de fond. Les propos de Rajoelina ont été clairs : le MAPAR est majoritaire à l’Assemblée Nationale. C’est à lui la Primature, la majorité des postes ministériels. Rajoelina est contre le gouvernement d’Union préconisé par le Président de la République. En d’autres termes, le MAPAR est contre l’ouverture. Les députés du GPS devraient avoir là une matière à réflexion. Le Premier ministre du MAPAR ne peut que s’aligner sur cette position. Cela signifie blocage en perspective… Le nom de Haja Resampa est évoqué.
L’ancien SGP est connu pour sa fidélité à Rajoelina. C’est un homme de la Transition et de la HAT. Il ne représente pas le changement, mais la continuité. On se demande quelles sont ses chances d’être nommé par le Président de la République qui souhaite le vrai changement. Le discours de Rajoelina ne plaide pas en sa faveur. Mais sa mission sera probablement de préparer le retour de Rajoelina au pouvoir. D’une manière ou d’une autre…
Que va-t-il se passer ?
Les autres députés ne sont pas restés les bras croisés. Ils envisagent, eux aussi, de présenter un Premier ministre au Président de la République. Un PM de la famille VPMM ? On ne sait pas. Tout cela montre que la crise politique a changé de protagonistes. Cela se joue entre le HVM et le MAPAR. Entre la Présidence et l’Assemblée nationale.
Des analystes politiques estiment que les enjeux du désaccord sont les suivants : la gestion des grands dossiers économiques et financiers : bois de rose, Jirama, exploration pétrolière, grande mine, les constructions « manara-penitra » (stades, hôpitaux…). L‘autre enjeu est le contrôle de l’appareil judiciaire et des Forces armées. La réconciliation nationale constitue également un vrai enjeu. Last but not least : le retour au pays de Marc Ravalomanana. La mouvance Rajoelina n’en veut pas. Du moins, pour le moment.
Le MAPAR montre les dents longues. Il a besoin de contrôler le gouvernement. Il veut les deux-tiers des postes ministériels. Le HVM ne veut pas se laisser faire : concernant le PM, le Président aura le droit de refuser s’il estime que la personne présentée ne peut pas exécuter son programme de développement national. La population doit s’attendre à cette éventualité, aujourd’hui ou demain.
Que va-t-il se passer maintenant ? On connaît maintenant le fond de la pensée de Rajoelina. Le Président de la République ne réagira pas tout de suite. Mais il a déjà exprimé son avis sur la nomination du PM. Il a lancé un appel à toutes les personnes de bonne volonté et aux opposants, il ne reviendra pas sur ce qu’il a annoncé solennellement à Mahamasina, lors de son investiture. Le MAPAR présentera un nom de Premier ministre au Président de la République cette semaine. On attendra la réponse du Chef de l’Etat.
E.A
