La tension observée sur le Marché Interbancaire de devises (MID) semble résulter d’un comportement attentiste des détenteurs de devises et d’une précipitation des acheteurs, situation expliquée par une anticipation généralisée d’une dépréciation de l’Ariary. En effet, dans un contexte d’incertitude sociopolitique, les devises étrangères sont considérées comme valeur refuge, précise la Banky Foiben’i Madagasikara dans un communiqué publié sur leur nouveau site web qui vient d’être lancé. Les vendeurs sont moins pressés de vendre leurs devises sur le marché, tandis que les acheteurs se précipitent pour acheter.
En effet, la situation est telle que l’évolution des transactions sur le MID ne reflète pas le sens et l’ampleur des mouvements de biens : les demandes d’achat de devises ont augmenté plus fortement que les importations, tandis que les offres provenant des recettes d’exportation ont sensiblement diminué. En effet, sur la période allant de janvier à octobre, les achats de devises pour importation d’énergie ont augmenté de 22% entre 2017 et 2018, tandis que les cessions de devises provenant de l’exportation de vanille ont diminué de 20%. Cette disparité entre l’évolution des transactions sur le MID et les mouvements commerciaux explique, en partie, la tendance à l’éloignement des taux de change nominaux observés ces derniers temps par rapport à leurs niveaux d’équilibre dictés par les fondamentaux macroéconomiques du pays.
La Banky Foiben’i Madagasikara se veut toutefois rassurante en précisant qu’un tel «mésalignement» par rapport à la trajectoire d’équilibre ne peut être que temporaire, l’équilibre se rétablissant toujours à plus ou moins long terme. Dans un contexte normal, la dépréciation nominale de la monnaie nationale ne devrait pas dépasser le différentiel d’inflations entre Madagascar et ses partenaires commerciaux, estimé à moins de 10%.
Hier, le dollar s’échangeait à 3.589,59 Ar et l’euro à 4.063,66 Ar, selon le cours de référence du MID publié sur le site web de la Banky Foiben’i Madagasikara. Dans l’accomplissement de sa mission générale de veiller à la stabilité interne et externe de la monnaie, BFM a déjà pris les mesures conventionnelles nécessaires sur le marché pour lisser les fluctuations excessives sur le très court terme. En outre, des mesures administratives pour fluidifier les mouvements des capitaux pourraient être envisagées.
Recueillis par Claudia R.
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