James Robinson : Les institutions «extractives» sont à l’origine de la pauvreté
«Les institutions extractives sont des organisations dont les politiques et les pratiques visent à accaparer les richesses et les ressources d’une société pour le compte d’une élite restreinte, mais, politiquement, puissante. Ce phénomène se traduit en particulier par des inégalités stupéfiantes dont les effets sont souvent masqués par des statistiques de croissance positives».
La Chine a été un pays pauvre, doté d’institutions politiques «extractives». En ayant rompu avec ces institutions extractives pour faire place à celles dites «inclusives», la Chine s’est aussitôt développée. A Madagascar, l’institution politique est également extractive. C’est l’un des points ressortis de la conférence publique du Professeur James Robinson d’hier au Colbert d’Antaninarenina, à l’occasion de sa visite d’une semaine à Madagascar. La conférence portait sur l’œuvre dont il est le co-auteur «Why Nations Fail: The Origins of Power, Prosperity and Poverty» dont la version française «Pourquoi les Nations échouent: les origines du pouvoir, de la prospérité et de la pauvreté» devra être éditée prochainement. Cet ouvrage majeur développe une nouvelle théorie sur les causes de la disparité entre les nations en matière de prospérité et de progrès, portant ainsi un regard critique sur l’ensemble des croyances et théories sur l’origine de la pauvreté d’un pays.
L’Université d’Antananarivo et le Fonds Monétaire International se sont donné la main pour organiser cette conférence publique destinée particulièrement aux étudiants et aux chercheurs. Une grande partie de l’assistance était composée d’étudiants de la Faculté DEGS.
Fonds Monétaire International
Le livre du Pr James Robinson est un recueil d’exemples de pays qui ont échoué et de pays qui ont réussi, a réagi Patrick Imam, Représentant Résident du FMI à Madagascar. A la question de savoir si Madagascar a échoué, notre interlocuteur a souligné que si l’on tient compte des chiffres, l’on ne peut pas dire que c’est un grand succès. «Depuis l’indépendance, le PIB par habitant a chuté, mais la Grande île a beaucoup d’atouts et beaucoup d’options pour aller de l’avant». Ce n’est pas entièrement un échec, mais ce n’est pas un succès non plus. Il faut travailler ensemble pour faire avancer le pays dans la bonne direction. Les pays, comme la Corée du Sud, sont des pays autrefois pauvres et actuellement des pays riches. Il faut essayer de tirer les conclusions qui s’imposent, qu’ont-ils fait, qui étaient justes et quelles sont les erreurs qu’ils ont évitées…
Pour l’instant, la théorie du Professeur James Robinson n’a pas encore été appliquée sur Madagascar. Pour l’instant, d’après le Représentant Résident du FMI, cela reste encore nébuleux et général mais cela devrait se faire dans les six mois à venir, notamment avec le Ministère de l’Economie.
C.R
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