Jean Marc Koumba : La fameuse lettre à sa femme, intégralement
A la demande des lecteurs, nous reproduisons in extenso la lettre que Jean Marc Koumba a écrite depuis la Maison Centrale d’Antsiranana où il est détenu. Cette lettre qu’il a rédigée suite aux refus, à deux reprises, de sa demande de liberté provisoire, a été lue par son épouse Lila Koumba Randriambololona devant la presse.
« Une fois de plus, les Droits de l’Homme et mes droits à la Défense sont piétinés.
Après mon enlèvement, refuser de me donner à boire et à manger pendant près de 24 heures, me séquestrer dans une pièce de 5m carré pendant trois jours sans avoir accès à l’eau courante, et avec comme couchette un matelas complètement pourri …, empêcher mon avocat d’assurer ma défense au Parquet de Diego, lors d’une Audience qui s’est tenue à une heure tellement tardive (22h 00) qu’elle en était suspecte, et maintenant : ignorer purement et simplement l’existence de mes témoins, au nombre de quinze.
15 témoins contre 2, ça fait beaucoup, non? Comment aurait-on qualifié un tel score en sport? On aurait sûrement dit : ce fut un match sans équivoque, gagné haut la main et ne permettant pas le moindre doute.
Mais pourrions-nous attendre autre chose de la Justice, en sachant que je suis et que je reste l’ennemi public numéro 1, loin, très loin devant les pilleurs de richesses naturelles et plus loin encore que les « dahalo », meurtriers d’hommes, femmes et enfants ?
Mais mes amis, ne vous inquiétez pas. Tôt ou tard, la vérité finira par se savoir. Ce sera certainement plutôt « tard » que « tôt » car tous les moyens seront mis en œuvre pour que la vérité se sache le plus tard possible. Sinon comment imaginer la réaction du public et de la presse internationale en apprenant qu’un Colonel, Commandant d’une Unité, puisse insulter et chasser comme un malpropre un Consul européen qui accompagnait ma femme venue s’enquérir des raisons de mon arrestation. Comment réagiront-ils en sachant que ce même Colonel a imposé par la force et les menaces que les deux agents de l’aéroport d’Antsirabe donnent mon nom ?
J’aimerais profiter de cette lettre pour remercier ma famille allemande et malgache, ma femme qui se bat corps et âme pour moi, l’Ambassade d’Allemagne, en particulier mon Ambassadeur, Son Excellence M. Harald GEHRIG, les Organisations internationales, la Croix Rouge Internationale, Amnesty International, les Nations Unies (Bureau du Haut Commissariat aux Droits de l’Homme) etc. Et un immense MERCI à mes AMIS : Des dizaines de pétitions ont été signées, des dizaines de milliers de lettres de soutien ont été écrites par des amis des quatre coins du monde. A la diaspora et aux manifestants dans différents pays, à vous tous mes AMIS, je dis MERCI. Je ne suis peut-être pas riche en pouvoir et en argent, mais je suis riche en AMIS, et ça, ça vaut tout l’or du monde !
Je tiens à vous rassurer : plus je reste en prison, plus ma soif de justice se fait grande. Je me porte bien, je ne suis ni suicidaire, ni ne veux m’évader et je ne me suis fait aucun ennemi en prison.
Pour terminer, je vous souhaite à tous, en particulier à ma mère et à ma sœur, à ma femme et à mes enfants, de Joyeuses Fêtes de Noël et une Bonne Année 2015. Ces fêtes seront, on peut dire, différentes des autres, car ce sera la première fois en près de 20 ans car je les passerai sans toi Lila.
Joyeuses fêtes à tous ! «
Jean-Marc KOUMBA
Maison Centrale de Diego-Suarez
Ce mardi 25 novembre 2014
