José Vianey : Pour une rencontre économique
José Vianey, un des pressentis Premier ministres, s’est entretenu au téléphone avec la Rédaction pour livrer ses opinions au sujet de la situation politique qui prévaut au pays. Ce politologue et sociologue de formation a donné sa vision sur les relations de Madagascar avec les bailleurs internationaux en matière de relance économique.
Ma-LAZA : vous êtes pressenti Premier ministre, à votre avis que doivent être les priorités pour Madagascar ?
José Vianey : En tant que chrétien catholique, je dois admettre que c’est Dieu qui forge le destin de l’homme. Mais à mon humble avis, le nouveau Premier Ministre aura la lourde tâche de redresser le pays sur le plan économique. Il nous faut, de ce fait, un plan de relance urgente qui puise ses racines dans les réalités économiques régionales. Chaque région doit être un pôle économique et servir de force économique et non seulement un pôle politique et administratif. La coopération étroite avec les bailleurs traditionnels est toujours sollicitée. Je pense qu’une concertation de l’ensemble des acteurs malgaches avec eux s’impose en vue de réaliser ce plan de relance dans les meilleures conditions. Une relance qui demande également le soutien de nos partenaires tels que la France et les États-Unis, notamment, dans la mise en œuvre des grands travaux d’infrastructure ou dans la promotion de l’économie bleue, qui consiste à l’exploitation optimale de nos littoraux et de tout ce qui les entoure, en vue de réduire le chômage et d’atteindre une croissance économique rapide.
Ma-LAZA : pour vous, où devra être la place du secteur privé malgache ?
José Vianey : l’amélioration des activités économiques doit passer par le secteur privé. Il faut la restauration de l’autorité de l’État en contrepartie. La lutte contre la corruption et contre le laxisme dans l’administration, ainsi que la dépolitisation des services publics, sont des conditions sine qua non. Il faut, de ce fait, une concertation avec le syndicat des Grands Corps de l’État qui constitue un pilier de l’administration publique. Par ailleurs, j’ai entièrement confiance en la capacité des opérateurs malgaches à relever le défi de la croissance économique de Madagascar. Il suffit que le gouvernement assoie un climat sain, stable et incitatif dans un environnement favorable aux affaires et aux investissements pour y arriver. Il faut que Madagascar puisse assurer la sécurité des investissements, nationaux et étrangers. Sur ce point, une stratégie adéquate à la lutte contre l’insécurité s’impose.
Ma-LAZA : Sans une stabilité politique, le développement et la relance économique resteront lettre morte. Le nouveau PM ne se trouvera-t-il pas en terrain miné, à constater l’évolution de la situation politique actuelle ?
José Vianey : Le nouveau Premier ministre se doit d’être au-dessus des divisions politiques. Une personne qui doit gagner une légitimité élargie tout en servant de trait d’union entre les différentes visions contradictoires. On est, certes, sorti de la transition, mais il est impératif de consolider la paix par un dialogue national afin d’asseoir les conditions nécessaires à une stabilité politique durable. Il faut réviser la réconciliation nationale ainsi que les acquis du processus initié par le FFKM dans le nouveau contexte postélectoral. En revanche, ce nouveau PM devra partager la même vision que le Président de la République tout en sachant les réalités politiques existantes notamment entre les mouvances politiques ou entre les groupements politiques en divergence. Globalement, j’approuve la mise en place d’un gouvernement d’action puisqu’il faut que le pays bouge.
Propos recueillis par Marc A.
