Lutte contre le Kidnapping : Coopération de la France avec les forces de l’ordre malgaches
La coopération entre Madagascar et la France, l’appui au processus électoral, l’appui au développement économique et au renforcement de l’administration ainsi que le sujet de la lutte contre l’insécurité ont été les sujets abordés avec SEMme Véronique Vouland-Aneini Ambassadeur de France à Madagascar. C’était lors du tournage de l’émission «Resa-be» dont l’intégralité sera diffusée sur Ma-TV ce soir.
Ma-LAZA : Le régime actuel, notamment le Président Rajaonarimampianina prône la relance économique à travers un meilleur engagement du secteur privé. Où en est-on avec le secteur privé français ? Est-ce que la présence française ici est assez suffisante pour participer à cette relance économique de Madagascar, et la concurrence qui devient de plus en plus pressante n’inquiète-t-elle pas la France ?
SEMme Véronique V.-A : La France est très présente ici c’est vrai. Elle a une présence ancienne et très diversifiée, les entreprises liées à la France où les filiales d’entreprises françaises sont nombreuses dans divers domaines. Dans les télécommunications, dans la banque, dans l’agriculture, dans la distribution, donc effectivement dans le tissu économique malgache il y a une forte présence, un fort lien avec la France et sachez aussi que les exportations malgaches vont en priorité vers l’Europe et vers la France, et que donc nous sommes le marché le plus important de votre production. Cette présence, elle est dans le secteur formel c’est-à-dire que les entreprises françaises sont un grand pourvoyeur de travail, un gros recruteur des jeunes malgaches en particulier. En tout cas elles sont là elles sont actives et elles ont un rôle très positif.
Quant à la concurrence, chinoise ou indienne, dans la mesure où cela favorise le développement du pays nous n’en avons aucune crainte tant qu’elle est loyale et que les entreprises qui viennent ici jouent le jeu et respectent les règles. Dans ce pays très riche et très vaste qui a de très nombreux atouts, la France n’a absolument pas vocation à être votre unique partenaire, pas du tout. Le problème c’est quand ces nouveaux partenaires ne respectent pas les règles, et puis, et surtout, quand le développement à long terme de Madagascar est en jeu et là, je crois que ce n’est pas à moi de le dire mais aux autorités malgaches qui doivent être très vigilantes sur la façon dont elles s’ouvrent au commerce international.
Ma-LAZA : Madagascar connaîtra une échéance électorale en 2018 et 2019. Une retouche de la loi fondamentale malgache fait actuellement débat, serait-ce une opportunité ou une menace pour la stabilité ? La France va-t-elle accompagner la Grande Île dans les élections futures ?
SEMme Véronique V.-A : 2013 a été le déroulement d’une élection libre, transparente et reconnue par la communauté internationale, mais on sait bien que ce premier pas vers la démocratie doit être confirmé par un deuxième. C’est-à-dire que les élections organisées en 2018 devront être inclusives, transparentes, crédibles, et permettre aux malgaches de choisir leurs dirigeants. C’est important parce qu’on sent une très forte aspiration à la démocratie de la part de la population malgache, et ce rendez-vous de 2018 doit donc être réussi pour conforter chacun dans cette orientation démocratique qui va permettre de consolider le développement à Madagascar. Nous allons contribuer à la mise en place de tout ce processus qui devra accompagner les élections. La France n’est pas seule, il y a le PNUD, puis il y a les autres grands partenaires qui regardent avec intérêt la façon dont ce processus électoral va se dérouler parce qu’évidemment s’il se déroule de façon apaisé inclusif et conforme à la Constitution et aux standards internationaux, ce sera une très bonne nouvelle pour la stabilité du pays.
Ma-LAZA : Pendant les élections de 2013, il y avait eu le fameux problème du «Ni… Ni» qui a alimenté une certaine frustration des partisans des anciens présidents qui voulaient se présenter à l’époque. Ce système convenu dans la feuille de route de sortie de crise tient-il toujours?
SEMme Véronique V.-A : En 2013 la situation était différente, on sortait d’une période de transition et il fallait s’assurer d’une élection encore une fois crédible. Nous sommes aujourd’hui dans une situation tout à fait différente, on a un président élu qui achève son mandat de 5 ans et les autorités malgaches et la CENI ont encore un an devant elles pour organiser un scrutin acceptable par tous. Il n’y a pas de raison d’exclure. Pour la démocratie malgache il est bien préférable que tous ceux qui souhaitent se présenter puissent le faire. Parce que si on exclut on risque d’aller au devant de protestations, de mécontentements, et il est évident que si des candidats qui souhaitent se présenter ne peuvent pas le faire, cela risque de susciter l’incompréhension des malgaches et d’entraîner une forme de déstabilisation qui n’est pas positif pour le pays.
Ma-LAZA : Un sujet qui a toujours terni les relations entre Madagascar et la France est la question de la sécurité. Des ressortissants français ont été victimes ces derniers temps d’actes d’enlèvement. Des coopérations en matières policière et judiciaire entre la France et Madagascar ont été mises en place. Où en est la mise en application de cette stratégie?
SEMme Véronique V.-A : Alors vous me parlez d’un sujet très particulier qui est de l’enlèvement de Français d’origine indienne et qui sont victimes de racket, d’extorsion de fonds et enlevés contre rançons. Face à ce phénomène, il y a eu plusieurs échanges au plus haut niveau de l’Etat, d’ailleurs, entre le Président Hollande et le Président Rajaonarimampianina puis entre le Président Macron et le Président Rajaonarimampianina. C’est un sujet grave et qui touche à la vie de compatriotes ici Madagascar. Au-delà de la coopération que vous avez mentionnée il y a aussi une avancée intéressante avec la création du collectif des Français d’origine indienne de Madagascar qui accompagne les familles victimes d’enlèvement qui les conseille et qui fait le lien avec les forces de l’ordre malgache. Finalement, cette communauté s’organise pour ne plus être une victime sans défense de ces crimes. L’ambassade accompagne évidemment la formation de ce mouvement qui a aussi une extension en France, avec notamment un avocat pour le représenter.
Recueillis par Marc A.
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