Marc Ravalomanana : Ses partisans frustrés par l’attitude de la Communauté Internationale
Le statut de l’ancien Président Marc Ravalomanana reste encore flou, jusqu’ici. Ihanta Randriamandrato, Secrétaire Général du parti TEZA et non moins ancien ministre de l’Elevage issu de la Mouvance Ravalomanana, a donné son opinion sur ce dossier. Interview.
Ma-LAZA : Marc Ravalomanana est placé en résidence surveillée à Antsiranana. A votre niveau, quels sont les motifs de cette décision?
Ihanta R.: Quels que puissent être les motifs juridiques, ignorés tant de sa famille, que de ses avocats, il y a deux raisons à sa détention arbitraire, la peur et l’appréhension.
La personnalité du Président Marc Ravalomanana fait peur. Il a une popularité telle que l’on craint son influence sur ses partisans. La vérité fait peur… Le président Ravalomanana n’a de cesse de réclamer la vérité sur les événements cruciaux qui se sont produits dans le pays : 26 janvier 2009, 07 février 2009, exploitation illicite des bois de rose et autres richesses naturelles…. La Justice fait peur. La Justice sera-t-elle assez reconnaissante pour confirmer les décisions juridiques des instances de la transition ?
Le président Ravalomanana a affirmé qu’il est prêt pour la réconciliation. Mais ne sachant pas trop les conséquences que pourrait avoir une réconciliation, le gouvernement actuel craint une remise en cause de son mandat. Ceci étant, nous aimerions bien connaître les raisons officielles de la détention du président Marc Ravalomanana.
Ma-LAZA : La Movance Ravalaomanana semble être impuissante sur son sort, est-ce une stratégie ou un compromis avec le régime actuel ?
Ihanta R.: Nous sommes persuadés que, tôt ou tard, la vérité éclatera, la réconciliation se concrétisera, alors, non, nous n’avons pas encore épuisé nos ressources. Nous attendons du gouvernement actuel l’application stricte des lois, règles et textes en vigueur. Appliquez entièrement la feuille de route, respectez les droits fondamentaux d’un citoyen, respectez la Constitution !….
Ma-LAZA : La Communauté internationale avait condamné les actions de l’ancien Chef d’Etat, comment concevez-vous cette condamnation ?
Ihanta R.: Si nous nous trouvons dans cette situation ambigüe, si Madagascar n’arrive pas à sortir de la crise, c’est bien parce que la Communauté internationale n’a pas su réagir au moment opportun. Si l’Union Africaine était aussi sévère dans l’application de ses chartes, accords et conventions qu’elle n’a été pour condamner ce retour inattendu, l’Afrique et ses dirigeants ne passeraient plus leur temps à faire des coups d’Etat ou à rafistoler à leur image leur Constitution.
Mais, d’une part, Il faut également se rendre à l’évidence que nous, Malgaches, nous ne voulons pas nous prendre en main. Nous avons une entité morale en qui nous pouvons avoir confiance, mais nous sous-estimons leur volonté à aller de l’avant pour ramener la sérénité dans notre pays. Nous nous plions devant les recommandations de la Communauté internationale, nous tournons le dos à nos propres « Raiamandreny am-panahy ». Même nous nous ne nous respectons pas. Les avocats malagasy du président Ravalomanana ne peuvent le rencontrer, mais son avocat étranger, lui, est autorisé à le voir. La Communauté internationale peut le rencontrer, les personnalités malagasy, non. Pourquoi cette ségrégation ? Il est sans doute temps de tourner le dos à cet assistanat qui n’a jamais donné comme résultat que la soumission. Un pays ne sera grand tant qu’il n’osera pas assumer ses propres responsabilités.
Ma-LAZA : La plainte de l’ACM semble impliquer l’ancien Président de la République, alors que l’épouse de Jean Marc Koumba intervient à la presse aux côtés de Rossy. Une entente entre le MAPAR et les proches de Ravalomanana a-t-elle eu lieu ?
Ihanta R.: Vous savez, lorsque’on se trouve devant un concept qui est complètement illégal, entente ou pas entente, une détention arbitraire est un acte anticonstitutionnel. Quiconque reconnaît cela, parle d’une même voix. Tout citoyen est normalement protégé par la Constitution. Quand on se dit respectueux de sa Justice, alors il faut être cohérent dans ses actes et ses propos.
Ma-LAZA : La Haute Cour de Justice va être créée au début de l’année 2015. Qu’attendez-vous de cette Cour qui aura probablement pour mission de juger les anciens Chefs d’Etat ?
Ihanta R.: Mon espoir est d’avoir, enfin, une institution forte, autonome et souveraine dans ses décisions! Tant que nous aurons des institutions qui se trouvent être sous l’emprise et le contrôle du Président de la République, nous n’aurons jamais une Justice impartiale. Nous aurons toujours une Justice des gagnants et du vainqueur. Mais, je vous retourne la question, toutes ces institutions assument-elles vraiment leur rôle ? Est-ce que L’Assemblée nationale répond-elle réellement aux attentes de ses électeurs ? La Haute Cour Constitutionnelle remplit-elle vraiment sa mission, être le gardien de la Constitution ? Est-ce que la Primature endosse-t-elle sa responsabilité ? La Présidence, le Gouvernement ?…
Ma-LAZA : L’actuel ministre de l’Elevage a hérité de plusieurs dossiers que vous aviez ficelés, dont celui de la mise en place de deux abattoirs de bovin, objet de critiques au sein même du gouvernement. Le ministre en exercice a-t-il agi convenablement d’après vous ?
Ihanta R.: Il y a un principe que nous respectons tous, la continuité des affaires de l’Etat. Tout ministre entrant hérite des dossiers de ses prédécesseurs.
Marc A
