Le secteur privé ne désapprouve pas le confinement décidé par l’Etat. Néanmoins, des échanges doivent se faire pour trouver ensemble les mesures adéquates afin de protéger la population contre la propagation de la Covid-19, tout en préservant les emplois, conformément à l’adage malgache « sady tsy hahafaty ny reniny, no tsy hamono ny zanany ».
Le reconfinement de la région Analamanga et les récentes mesures de restriction annoncées inquiètent bon nombre d’opérateurs du secteur privé.
A titre de rappel, selon un avis du ministère de l’Industrie, du Commerce et de l’Artisanat en date du 12 Juillet dernier, « l’ouverture de toute industrie et commerce est formellement interdite à l’exception des commerces essentiels, des industries de protection de produits alimentaires et des unités de fabrication de produits pour combattre le Covid-19, dont l’horaire de fermeture est strictement à midi à l’exception des pharmacies d’officine et des stations-services». De nombreuses entreprises et industries sont donc obligées de cesser leurs activités puisque le non respect de ces directives expose leurs auteurs à des sanctions sévères pouvant aller à la fermeture administrative de leurs établissements.
De source auprès du secteur privé, il existe des process industriels qui nécessitent du temps et qui ne peuvent être réalisés au bout d’une demi-journée. «Beaucoup d’industries ne peuvent donc pas tourner » précise un chef d’entreprise. Des membres du secteur privé ont demandé à pouvoir employer des salariés entre midi et six heures du matin. «Nous sommes disposés à garder le personnel chez nous, avec toutes les mesures que cela impose (nourriture…) et nous nous engageons à respecter tous les protocoles sanitaires » confie un industriel. Comme pour la fabrication d’un pain qui nécessite quelques heures pour lever la pâte, différentes étapes requérant du temps sont généralement requises dans la transformation des produits agro-alimentaires. Une fois prêts, ces produits doivent être placés dans des cartons, mais le process pour la fabrication de cartons par les industriels locaux requiert également plusieurs heures. «On a l’impression que l’administration ne comprend pas cela. L’Etat prend des décisions sur table sans connaître les réalités sur terrain. Les employés de bureau peuvent travailler quatre ou cinq heures mais cela n’est pas possible pour une usine. Rien que pour démarrer les machines, il faut les préchauffer pendant une, deux voire trois heures, c’est selon » explique notre source.De nombreux opérateurs économiques insistent sur le fait qu’ils ne s’opposent pas aux mesures de confinement. Seulement, ils soutiennent qu’il faut réfléchir ensemble sur les solutions efficaces à adopter. «L’Etat dit ne pas pouvoir allouer des subventions aux salariés qui perdent leur emploi ou qui ne perçoivent qu’une partie de leurs salaires. Nous autoriser à travailler dans des conditions spécifiques nous permettra de continuer à payer le personnel en ces temps difficiles. Ce n’est, hélas, pas le cas !» s’indignent-ils. Bien qu’aucun chiffre officiel n’a été annoncé, de plus en plus d’entreprises ont suspendu leurs activités et d’autres s’apprêtent à grossir leurs rangs. Depuis fin mars, des entreprises ont dû recourir aux congés forcés, même lorsque les droits de congé sont épuisés.
«On aurait pu trouver des solutions avec des mesures concertées pour veiller à limiter la propagation du coronavirus, tout en maintenant des entreprises en vie de manière à préserver les emplois. Bon nombre de dirigeants d’entreprise ne pourront pas payer les salaires des employés ce mois-ci » se désole un chef d’entreprise. La crise sanitaire tend vers une crise économique et progressivement vers une crise sociale. Des discussions pour des mesures concrètes répondant aux véritables attentes du secteur privé sont urgentes et indispensables. Autrement, il n’y aura plus d’espoir ni…pour la mère (le secteur privé)… ni pour les enfants (les salariés).
Claudia R.
Imprimer

