Perçu par le grand public comme conseiller spécial du président de la République Andry Rajoelina, Norbert Lala Ratsirahonana donne son avis sur les dix-huit mois de présidence d’Andry Rajoelina. Il livre également quelques éclaircissements concernant l’incendie du Rova de Manjakamiadana survenue le 05 Novembre 1995.
Ma-LAZA : Faisant partie de l’entourage proche du président de la République Andry Rajoelina, on dit que vous êtes son conseiller spécial. Que pensez-vous de ces quelques mois de son mandat ?
N.L Ratsirahonana : Tout d’abord je tiens à préciser et à clarifier une chose, moi Norbert Ratsirahonana, ne fais pas partie des conseillers d’Andry Rajoelina. Actuellement, je n’ai pas de poste ou de nomination officielle, mais cela ne m’empêche pas de l’appeler de temps en temps pour discuter avec lui. Pour revenir à votre question, je trouve que depuis le début, Andry Rajoelina voulait aller loin et c’est un homme déterminé, en revanche je trouve que ses collaborateurs n’arrivent pas à suivre son rythme. Il y une sorte de désorganisation et un problème organisationnel. Prenons comme exemple la gestion de « Tosika Fameno » et des « Tsena Mora », il aurait été préférable que l’Etat mette une organisation à la base. Il fallait faire participer la base, à partir du Fokontany. Mais on a vu que côté organisation, ces deux projets ont été vraiment mal ficelés.
Ma-LAZA : A près d’un an et demi de présidence d’Andry Rajoelina, des voix s’élèvent déjà et des associations ont même donné un ultimatum demandant sa démission. Quelles conséquences pourraient avoir ces initiatives ?
N.L Ratsirahonana : Ecoutez, par expérience ce n’est pas en une année de mandat de présidence qu’il peut y avoir un coup d’Etat suite à des soulèvements populaires. Dans la situation actuelle, je pense qu’il est encore difficile de fomenter ou d’organiser des mouvements de déstabilisation. La population est encore trop occupée à subvenir à ses besoins quotidiens à cause de cette crise engendrée par l’épidémie de Coronavirus. Je pense que ces initiatives sont encore loin d’aboutir. Cependant, il faut faire attention à ne plus refaire l’erreur des bavures policières comme il s’est passé dernièrement à Toamasina. La population pourrait se révolter si cela se reproduit et il sera difficile de rétablir l’ordre et le calme.
Ma-LAZA : Revenons un peu en arrière, on sait tous que le Rova a été incendié en 1995, vous étiez président de la Haute Cour Constitutionnelle à l’époque, donc parmi les responsables étatiques. Et après l’empêchement d’Albert Zafy, président de la République, vous lui avez succédé. Cette semaine cependant, un proche collaborateur de cet ancien président de la République a fait une révélation annonçant que le successeur d’Albert Zafy serait impliqué dans cette affaire d’incendie. Qu’avez-vous à répondre ?
N.L Ratsirahonana : Je n’ai rien à avoir avec cette affaire. D’ailleurs, Serge Zafimahova, durant son intervention télévisée n’a jamais cité de nom précis. Moi, j’assurais quelques mois d’intérim et après moi il y avait Didier Ratsiraka qui était élu président de la République. Pour ma part, durant les quelques mois où j’étais à la tête du pays, je n’ai jamais accordé de grâce présidentielle ou signé d’ordonnance d’amnistie à quelque détenu que ce soit. Alors que Zafimahova a déclaré que la personne qui a succédé à Zafy aurait libéré de prison les personnes arrêtées dans le cadre de cette affaire.
Ma-LAZA : Donc il y avait bel et bien des personnes arrêtées et incarcérées dans le cadre de cette affaire d’incendie ?
N.L Ratsirohanana : Oui bien sûr. Ayant été président de la Haute Cour Constitutionnelle je n’étais pas aussi bien informé de l’affaire que ceux de l’exécutif ou de la justice de l’époque, mais j’ai quand même mené ma propre enquête en discutant avec le Procureur. Il y avait bien 11 personnes qui ont été arrêtées au lendemain de l’incendie du 7 Novembre. Les gardiens du Rova, la conservatrice ainsi que quelques guides travaillant au Rova ont été arrêtés. Deux mois après cette arrestation, certaines de ces personnes ont déjà été relâchées. Seuls 3 ou 4 ont été incarcérées à Antananarivo et Arivonimamo après leur comparution devant la Cour Criminelle Ordinaire. A ce jour, je n’ai pas connaissance de la décision du tribunal.
Ma-LAZA: Que pensez-vous de la construction du
colisée dans le palais Manjakamiadana?
N.L Ratsirahonana : No comment !
Recueillies par Velo Ghislain
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