Nouveau gouvernement en gestation : 15 à 25 ministères
Un nouveau gouvernement ne naîtra pas en claquant des doigts. La structure a été étudiée dans diverses officines politiques. Et, vraisemblablement, en contact avec les bailleurs de fonds. L’organigramme du nouveau gouvernement devrait répondre aux objectifs énumérés par le Président dans son discours d’ouverture : restauration de l’Etat de droit, sécurité, réconciliation nationale, refondation de la République.
On parle d’un gouvernement d’après-crise. Certes, reflétant l’union, mais suffisamment technique, opérationnel et solidaire pour mener à bien la mission. 15 à 25 ministères avec deux vice-primatures. Propos de couloir auxquels on ne tiendra pas rigueur. En pareille circonstance, la demande de postes ministériels est supérieure à l’offre.
La formation du nouveau gouvernement est devenue délicate. Où placer tout ce joli monde qui vous a appuyé durant la campagne électorale ? Comment expliquer à vos alliés, à vos familles (eh oui), à vos opposants, les motifs d’attribution des postes ? L’histoire a montré que bien souvent, ceux qui ont milité dans la rue, aboyeurs de service, ne sont pas obligatoirement nommés pour fréquenter les salons huppés…
La main tendue à ceux qui ne sont pas de la famille politique de Hery Rajaonarimampianina et l’appel à la collaboration, lancé aux forces vives, sont des signes que le nouveau régime va tenter de ratisser large. Malgré tout. Mais tout le monde ne peut être ministre. Ou Vice-Premier ministre. Ou Premier ministre. Que faire ? Rassurons-nous, les postes ne manqueront pas lorsqu’un régime change. «Miova sata, miova andriana» .
L’autre enjeu est l’acceptation des partenaires étrangers. Les Etats-Unis et l’Union Européenne ont été clairs à ce sujet. L’aide, en termes de quantité et de qualité, sera jaugée à l’aune de la physionomie du Premier ministre et des membres du gouvernement.
Quid du ni…ni
La Communauté internationale attend du… neuf. Ce n’est ni une pression ni une ingérence. Elle a l’argent. Elle ne le confiera qu’à un gouvernement qui lui inspire confiance. Rien que cela. Il y a de bons ministres qui ont exercé sous la transition, mais la démocratie et les principes d’alternance en pareille période exigent des hommes nouveaux. Le «ni …ni » tirait sa justification dans ce raisonnement.
L’Union Européenne, la Banque mondiale, le FMI, l’AFD, la BAD, la BADEA, la GTZ, et on en passe, sont nos principaux bailleurs de fonds multilatéraux. Avant la crise, ils étaient méfiants, après la crise, ils seront plus que regardants sur l’utilisation des fonds.
Toutes les réunions et tous les forums à caractère économique tenus, tant bien que mal, durant la transition ont permis de tirer la sonnette d’alarme. Il ne faut pas se leurrer, l’après-crise politique sera économiquement et socialement encore difficile. Les principes et les objectifs sont fixés. Mais il n’y aura pas de miracles mais beaucoup de travail et de sacrifice. Et cela nécessite également beaucoup de volonté.
« Aucun de vous, mes proches collaborateurs, ne devraient tomber dans l’ostentation et les dépenses inutiles », aurait averti Hery Rajaonarimampianina, juste après la proclamation des résultats officiels. Cela suppose une gouvernance où chaque denier public sera valorisé, comptabilisé, rentabilisé. Cela signifie réduction du train de vie de l’Etat. Et l’opinion justement attend de voir
Les départements stratégiques en question
Hery Rajaonarimampianina donne et la vision et le ton. Le tourisme est, à titre d’exemple, le secteur qui doit tirer le pays vers le haut. L’avenir de la Grande Ile commence dans une petite île. Hier, en Conseil des ministres, toutes les initiatives ministérielles étaient centrées sur ce vaste projet de développement.
On en déduit qu’au même titre que les Finances et la décentralisation, le ministère du Tourisme sera l’un des départements stratégiques, tout comme ceux qui ont trait à la sécurité et à la réconciliation nationale. Nous acheminons-nous vers la fusion de nombreux ministères saucissonnés parce que l’ancien régime transitoire avait beaucoup d’appétit ?
La politique d’austérité et le souci d’efficacité, de logique et de cohérence en réduisant les circuits d’ordre devraient expliquer cette restructuration gouvernementale. Et si les députés jouent bien leurs rôles, on comptera à Tsimbazaza, 151 ministres virtuels, amenés à travailler efficacement dans leurs circonscriptions électorales.
En attendant, le Président de la République imprime son rythme de travail. Il s’accommode des « ex ». Il définit sur le terrain ses priorités. Est-ce la force nouvelle de Rajaonarimampianina ? Prendre de l’avance pour obliger la nouvelle Assemblée, le futur Premier ministre à courir. Vers l’essentiel.
E.A
