Pierrot Rajaonarivelo : “Notre Constitution bloque la décentralisation effective”
Une mission de l’OIF est actuellement dans nos murs. Elle a pour mandat de procéder à l’évaluation du fichier électoral. Le sénateur Pierrot Rajaonarivelo, ancien ministre des Affaires Etrangères et non moins candidat malheureux aux dernières élections présidentielles de 2013 a donné son avis sur ce sujet. Il a également parlé du projet de révision de la Constitution. Interview.
Ma-LAZA : Que pensez-vous de la tenue de cet audit international ?
Pierrot Rajaonarivelo: Je trouve que c’est important d’accueillir une mission de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF). Pourquoi cet audit du fichier électoral ? J’estime que l’objectif est de donner de plus en plus de crédibilité aux élections prévues se tenir en 2018. Cette mission de l’OIF pourrait voir le fonctionnement de la CENI car il ne faut pas oublier que la communauté internationale contribue à l’organisation des élections par le biais de la PACEM. Elle pourrait également vérifier les statistiques, et s’il y a des inscriptions fictives ou pas. Et le plus important c’est ce qu’elle essaierait d’apporter des réponses si le fichier électoral serait crédible ! Je félicite la venue des experts de l’OIF car son rapport pourrait favoriser un processus électoral apaisé.
Ma-LAZA : Le Président de la République a déclaré son intention d’apporter une retouche à la constitution. Votre avis sur ce sujet qui n’a cessé de créer des vagues sur la sphère politique?
Pierrot Rajaonarivelo : Avant de livrer ma position qui n’engage que moi même, je tiens à vous rappeler la position du parti MDM, lors du référendum de 2010. Nous avons voté pour le «non». Nous faisons partie des 25% des citoyens qui ont voté pour le «non». La Constitution élue à cette époque n’était pas du tout reconnue par la communauté internationale. C’était la feuille de route de sortie de crise qui a été validée et utilisée lors de la transition. Les institutions instaurées à l’époque sont prévues par la FDR, pour ne citer que le Congrès de la transition (CT) et le Conseil Supérieur de la Transition (CST). Lors de la quatrième République, on constate qu’en pratique, la Constitution reste bancale. Personnellement, je vois que cette Constitution ne permet pas d’une décentralisation effective.
Le problème concerne également les articles 46 jusqu’à 48 de la Constitution. Il y a trop de contradictions. Raisons de plus pour aller vers la retouche de notre Constitution. Mais a mon avis, le vrai débat concerne à quand on procédera à la révision de la Constitution ? Comment la réaliser ?
Ma-LAZA : Pourriez-vous répondre a ces deux questions que vous venez de mentionner?
Pierrot Rajaonarivelo : «Aucune révision de la Constitution ne peut être initiée, sauf en cas de nécessité jugée impérieuse», selon l’article 161 de la Constitution. Suivie de l’article 162 qui indique que «l’initiative de la révision, en cas de nécessité jugée impérieuse, appartient, soit au Président de la République qui statue en Conseil des ministres, soit aux Assemblées parlementaires, statuant par un vote séparé à la majorité des deux tiers des membres». Donc le Président de la République est le seul capable d’apprécier en ce qui concerne la révision de la Constitution. Le Président de la République détient également la responsabilité, en ce qui concerne la concrétisation de la révision de la Constitution et trouver les moyens pour sa réalisation.
Mais il y a aussi une source d’inquiétude, en tout cas pour certains observateurs, la révision de la Constitution pourrait perturber la tenue des présidentielles de 2018. Face à cette situation, il est nécessaire de donner confiance à la population.
Recueillis par Vola
Ravoavy
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