Pillages des ressources naturelles : Le «Corail noir», le nouveau bois de rose
Les objets de trafic ne manquent pas à Madagascar. Le fait est que le pays est riche en ressources naturelles inestimables. Aujourd’hui, les exploitations illicites se déroulent non seulement sur terre, mais aussi dans les fonds marins.
L’Alliance Voahary Gasy dénonce l’exploitation de coraux noirs dans l’Androy, les coraux noirs étant inscrits en annexe II de la Convention du CITES et ne pouvant pas ainsi être exploités pour des fins commerciales.
Les ″Ray aman-dreny », ainsi que les scientifiques du Centre Universitaire Régional de l’Androy (CURA) ont, maintes fois, tiré la sonnette d’alarme sur ce sujet, depuis que des plongeurs marins professionnels, originaires de Nosy-Be, ont débarqué dans la région Androy, afin de s’adonner à la collecte de coraux noirs. Leurs objectifs étaient d’interpeller les autorités régionales sur le danger et l’impossibilité de formalisation de l’exploitation. Ils sont allés voir les autorités régionales et, entretemps, ont déposé une plainte auprès de la brigade de Police d’Ambovombe.
«Bois de rose de mer»
Les bijoux faits de corail noir, ou contenant du corail noir valent très cher sur le marché. Une bague en or avec du corail peut valoir jusqu’à 2.600 USD, une paire de boucles d’oreille à 200 USD.
Dans le pays, on donne même le nom de « bois de rose de mer » à cette ressource dont la valeur est assez conséquente. En effet, les informations de source locale affirment que le prix de collecte dans les villages de pêcheurs, varie entre 10 000 et 15 000Ar le kilo (Pêcheurs vers mareyeurs) et 15 000 à 20 000Ar (Mareyeurs vers collecteurs exportateurs). Soit 3 à 7 euros. Le prix depuis la Capitale Antananarivo à l’exportation varierait de 500 000 à 700 000 Ar le kg.
Avec les interpellations de la société civile locale, appuyées par l’Alliance Voahary Gasy ainsi que d’autres acteurs dans les démarches, le chef de région a sorti un arrêté régional interdisant cette exploitation. Cet arrêté est toutefois resté lettre morte.
Ne lâchant pas prise, les scientifiques ont sollicité la fouille des voitures suspectes. Le 24 mars dernier, la Police d’Ambovombe Androy a mis la main sur 13 sacs de coraux noirs dans un camion. 4 autres véhicules sont aussi saisis au bureau de la gendarmerie d’Ambovombe Androy, en revanche, la prise de 900 kg a disparu.
Une pratique qui s’institutionnalise
La dévastation sauvage des coraux noirs se poursuit et s’amplifie, puisque le réseau de trafiquants s’amplifie et la pratique tend à s’institutionnaliser. Une autre descente mixte (scientifiques, Ray aman-dreny, policiers) à Kotoala a été organisée le 15 mai dernier. 44 bouteilles d’oxygène appartenant aux plongeurs ont été saisis. L’Alliance Voahary Gasy félicite ces acteurs locaux et encourage l’administration régionale à faire de ce cas une priorité.
Recueillis par C.R
