10 jours d’enfer
Madagascar fête ses 56 ans d’indépendance. Et commechaque année, le gouvernement comme les municipalités ont chacun des latitudes pour célébrer comme il se doit cet événement. La Commune Urbaine d’Antananarivo sous la férule de la maire Lalao Ravalomanana a choisi de mettre en valeur le centre de la capitale en y organisant du 16 au 26 juin diverses manifestations dont des podiums, des défilés, des spectacles… et de boucler totalement l’Avenue de l’Indépendance pendant toute cette période.
L’initiative est louable puisque 56 ans d’indépendance, ça se fête. Et la fierté nationale veut que la culture malgache soit mise en avant, du moins pendant cette période. Mais pour bon nombre de Tananariviens qui en ont marre des embouteillages, de la saleté de la ville, de la promiscuité, de l’absence de mesures pour embellir au moins ce centre ville que la Commune voudrait être la vitrine de la capitale et de Madagascar, le site est mal choisi.
Il est inutile de rappeler ici qu’Analakely, bien qu’il ne soit plus le centre administratif de la capitale, est un passage obligé pour se rendre quelque part. Il faut emprunter, soit l’Avenue de l’Indépendance, soit ses rues adjacentes quand on veut aller à Behoririka, Antaninarenina, Faravohitra, Tsaralalàna et on en passe. Même quand l’Avenue de l’Indépendance n’est pas bloquée, à n’importe quelle heure du jour, tout le monde remarque les bouchons monstres du côté d’Ambohijatovo Ambany, Ambohidahy, Antanimena-Soarano, Behoririka, Tsaralalana!
La capitale est asphyxiée par le nombre de véhicules qui y circulent et le nombre d’habitants qui y vivent. Depuis l’indépendance, personne n’a pensé à développer la ville comme toutes les grandes villes du monde et pour qu’elle puisse satisfaire au moins le minimum vital que chacun de ses habitants mérite. Depuis toujours, les responsables municipaux décident sans demander l’avis de leurs administrés. L’essentiel pour ces derniers est qu’ils circulent sur de bonnes routes, bien éclairées la nuit, qu’ils aient un service de voirie qui assure la propreté et l’assainissement de la ville, bref, qu’en tant que contribuables, ils bénéficient au moins des retombées de l’impôt qu’ils paient ou qui est retiré de leur salaire.
Mais les maires comme les PDS se sont succédé, Antananarivo, hélas, ne cesse de régresser. Comme l’ensemble du pays d’ailleurs. Aucun n’a pensé à faire souffler la capitale, à la désengorger de ses embouteillages et à réfléchir sur ce qu’on peut faire pour lui conférer son statut de capitale de Madagascar. Certes, de nouvelles routes sont construites, mais ce sont des opérations ponctuelles qui ne visent pas à résoudre pérénemment les problèmes de la circulation. Au temps de la 1ère République, l’Etat a déjà pensé à relier Antaninarenina à Ambondrona par le biais d’un long pont suspendu, Ratsiraka a mis dans son projet Grand Tana la réhabilitation du Canal Andriantany et la possibilité d’y circuler en bateau-mouche pour faciliter la circulation dans Tana intra muros. Des projets qui sont restés lettres mortes et enfouis au fond d’un tiroir quelque part du côté du ministère de l’Aménagement du territoire ou de celui des Travaux publics.
A partir de demain, les chauffeurs de taxi, de taxibe et les particuliers vivront 10 jours d’enfer et compteront les jours en maugréant sur leur volant en maudissant… la fête de l’Indépendance. Dommage.
