Besoin d’une vraie opposition
Une nouvelle page est ouverte pour Madagascar après la nomination du nouveau Premier ministre Roger Kolo et le nouveau gouvernement.
Dans une démocratie à l’occidentale, le bipartisme facilite l’alternance au pouvoir non par la rue, mais par les élections. La droite française, gaulliste cède parfois la place à la gauche comme les travaillistes ou les conservateurs en Grande-Bretagne, les démocrates et les républicains aux Etats-Unis. A Madagascar, la réalité est toute autre : les politiciens, faute de base ou d’éducation politique, préfèrent prendre le train en marche ou aller là où souffle le vent.
C’est une des faiblesses des politiciens malgaches et des leaders, car il y en a qui en profitent. Sous la Première République, tout le monde était PSD ; sous la seconde, le Capitaine de Corvette Didier Ratsiraka, verrouillant tout, a créé le Front National pour la Défense de la Révolution (FNDR), seule plateforme où l’on peut parler politique. Même le MFM ou le Monima, très critiques à l’endroit du Président de la République, à leur époque, ne pouvaient rien faire que de se rallier avec le « Leader bien-aimé » qui récompensait ses vassaux en les nommant membres du Conseil Suprême de la Révolution, un fourre-tout pour caser les politiciens trop bavards ou susceptibles de s’opposer au régime.
La tradition est respectée sous Albert Zafy et l’UNDD, sous Ravalomanana et le TIM et, actuellement, l’appel à un élan national du Président Hery Rajaonarimampianina risque de ressembler au monolithisme de ses prédécesseurs. Les discours vont dans le sens de « tous ensemble vers la même direction », excluant de fait ceux qui ne veulent pas prendre la même voiture ou ceux qui préfèrent voir un autre chauffeur que celui qui est au volant. Ces derniers, malheureusement, ne connaissent rien en mécanique ou ignorent tout du code de la route.
Le jeu démocratique sera plaisant à suivre si les acteurs disposent de la technique et de la tactique pour atteindre leur but. C’est maintenant qu’on a besoin d’une vraie opposition, celle qui sait construire après avoir détruit.
