Coup d’Etat ? Pas coup d’Etat ?
Le pays était en émoi dans la nuit de mardi quand des rumeurs, fondées ou non, circulaient sur un coup d’Etat qui se tramait. Le bâtiment des stations de télévision et radio nationales a été survéillé de près, de peur d’une entrée en force des putschistes. Le verrouillage des camps militaires, le lendemain, ajoutait à la psychose.
Des noms de présumés instigateurs ont été balancés dont celui du sénateur Lylison, l’homme-lige de l’ancien président de la Transition, Andry Rajoelina. Celui-ci s’est ouvert à la presse, expliquant qu’il n’est pour rien dans toute cette agitation et a rendu la balle au régime en déclarant que tout ce qui se déroulait dans Tana n’était qu’un scenario dont les auteurs ne sont autres que les tenants du pouvoir eux-mêmes.
La question qui se pose est la suivante : en ce moment, malgré les soubressauts sociaux par ci et par là, un coup d’Etat est-il possible ? A priori, non. Car sa réussite dépend en grande partie de l’adhésion populaire et, surtout, de l’armée. Si Andry Rajoelina a réussi son coup de force en 2009, c’est parce qu’il a su convaincre une partie de la population et avait eu, plus tard, le soutien des hommes du Capsat, un camp militaire de la capitale.
En sus, la communauté internationale a élevé la voix, notamment le SG de l’ONU, Ban-Ki-Moon et l’ambassadeur de l’Union européenne qui ont, tous les deux, affirmé qu’ils sont contre un changement de gouvernement anticonstitutionnel à Madagascar. Une déclaration qui vaut son pesant d’or car ces deux institutions ne veulent plus être mises devant le fait accompli mais ont anticipé et préparé sans aucun doute une riposte vis-à-vis de ceux qui seront tentés de s’emparer illégalement du pouvoir à Madagascar.
Un pouvoir anticonstitutionnel ne serait plus viable. Le Burkina Faso et la Guinée, en Afrique, en sont deux bons exemples. L’effet de surprise et la bonne santé économique de Madagascar avant 2009 avaient joué en faveur d’Andry Rajoelina. Ce qui n’est plus le cas actuellement. Le pays vit sous perfusion et a du mal à sortir des dérèglements dus à la crise. Sans le soutien de la communauté internationale, les putschistes vont droit au mur, et le pays avec.
Ce qui ne signifie pas que le régime est exempt de tout reproche. Pour beaucoup, il est coupable de trop d’attentisme et navigue à vue dans une mer tourmentée. Les observateurs pensent que si ça continue, ses détracteurs n’auront pas besoin d’un coup d’Etat. Le régime tombera de lui-même comme un fruit trop mûr.
