Crise et réconciliation
Demain sera le 14 octobre. La transition l’a declaré journée fériée et payée. Le 14 Octobre étant l’anniversaire de la première République, à l’initiative du Président Philibert Tsiranana. La crise politique de 2009 a remis en question un certain nombre de questions. Cela concerne en premier lieu les causes et les effets.
La crise de 2009 est-elle politique ? Non. Elle est devenue politique parce que les politicens l’ont décidé ainsi. Cette crise avait plutôt un fonds économique et financier. Marc Ravalomanana, alors président de la République, s’était bâti un empire economique avec son groupe Tiko. Notamment dans les domaines de la grande distribution, des gros équipements et de l’agrobusiness. Il a neutralisé de nombreux opérateurs et a remis en cause des intérêts de la France. En donnant trop le primat à la FJKM, notamment pour les projets sociaux, il a frustré les autres religions dont catholique.
La crise de 2009 était causée par cette rivalité économique et financière. Les autres causes n’en étaient que des paramètres sous jacents tout aussi graves et profonds. Marc Ravalomanana n’a pas su gérer l’Armée, la Gendarmerie et la Police. Et ses relations avec la classe politique dans son ensemble étaient médiocres. Bref, l’erreur de Ravalomanana qui a obtenu des resultats économiques réels et porteurs de changement était de ne pas avoir su appliquer une bonne gestion des ressources humaines. Madagascar n’est pas une entreprise privée. On ne peut pas la gérer comme tel.
La réconciliation nationale est à l’ordre du jour. Oui mais quelle réconciliation ? Il n’y a pas eu de guerres civiles avec morts d’hommes. Il n’y a pas de sécession ou de guerre armée entre tribus rivales. Il n’y a qu’un tribalisme, à la limite, surfaite, cultivé par des groupes politiques. Ou encore une lutte de pouvoir entre familles politiques où la transhumance est reine.
Les crises cycliques sont des crises de pauvreté. Pourquoi ? Les 80% de la population ne ressentent pas l’impact de la croissance économique. Le déphasage entre la communication institutionnelle matraquant les résultats positifs de la croissance économique et les réalités sociales est réel : la population vit autre chose. Elle se vautre dans la misère. Elle est manipulable. Et la crise de 2009 fut ! Les politiciens toujours en conquête du pouvoir en ont profité.
Le politique n’est pas la cause de la crise. Elle en est l’acteur et le bénéficiaire.
