Des impacts
Reproche ? Ironie ? Rappel à l’ordre ? Le ton du président de la République envers son Premier ministre quand celui-ci a annoncé avoir atteint 87% de ses objectifs laisse perplexe. Hery Rajaonarimampianina a effectivement demandé sur un ton, disons-le, « badin » pourquoi de tels résultats qui frôlent l’excellence ne laissent pas d’impacts sur la vie quotidienne des Malgaches.
Le gouvernement a eu droit à deux RRI (Rapid Results Initiative) de 100 jours, pendant lesquels il exécute son programme. Pour le PM, les objectifs ont été atteints si pour le PRM et la population, les résultats ou les fameux « impacts » ont été invisibles. Pour beaucoup, la situation va plutôt de mal en pis.
Dans la capitale, les colmatages des rues effectués par la CUA et le ministère des Travaux publics n’ont pas résisté à la pluie. Les nids de poule comme les nids d’autruche, les inondations, les ordures, sont devenus le lot quotidien des tananariviens à chaque période de pluies. Aucun programme n’existe pour y remédier alors que ces problèmes se sont posés depuis des décennies.
Dans les ministères, sauf le ravalement des façades, l’administration n’est plus capable de fournir même un bout de papier. Ce sont les usagers qui doivent en acheter chez l’épicier du coin. Dans les hôpitaux, même topo : un malade évacué dans un centre de soin n’est pas sûr d’en sortir vivant s’il n’est pas en mesure de payer les médicaments et les frais nécessaires à une éventuelle intervention chirurgicale. Il est bien loin le temps où tout était encore gratuit. Et le comble, aucune perspective ne permet d’espérer que cette gratuité reviendra un jour.
Les révoltes et les manifestations populaires qui avaient ébranlé maintes fois la Grande Île avaient pour but de voir enfin ceux qui se sont emparés du pouvoir améliorer le niveau de vie des Malgaches. Mais, jusqu’à preuve du contraire, aucun régime n’y est parvenu. Chacun se gausse d’avoir atteint un taux de croissance positif ou d’avoir obtenu le satisfecit des bailleurs de fonds. Mais le Malgache, lui, se demande toujours, où, justement, sont passés ces aides étrangères qu’il aura encore le malheur de rembourser.
La seule priorité pour les gouvernants, selon un observateur, est d’assurer que les fonctionnaires et les retraités aient leur solde et leur pension à chaque fin du mois. Pour qu’ils aient l’impression de faire tourner encore quelque chose. Le contribuable, lui, aura encore à endurer longtemps et à gamberger pour être servi comme tel et apprécier les « impacts »
