Difficile mais possible
Les pompiers ont eu du mal à éteindre l’incendie qui a ravagé une partie du marché de brocante d’Isotry, hier, vers 1 heure. Et pour cause, la multiplication des foyers et leur difficulté à se frayer un chemin à travers le dédale des kiosques. Cet incendie n’est pas sans rappeler celui qui a détruit une partie du quartier d’Ankasina, il y a un mois et illustre bien le fait qu’Antananarivo n’a de capitale que de nom.
Les incendies sont difficilement maîtrisables, notamment dans les bas quartiers de la capitale, des quartiers champignons construits à la va-vite et qui ont bénéficié de la bénédiction des régimes successifs qui en font des viviers de voix lors des élections. Parfois, il est difficile de se mouvoir dans ces quartiers où les servitudes de passage se font au gré des gens et où les couloirs ne laissent passer qu’une seule personne à la fois. Refuge des brigands le jour, de vrais coupe-gorges la nuit, ces quartiers sont dépourvus de toute mesure de prévention anti-incendie et à la moindre alerte, c’est le drame. Le feu se propage facilement, occasionnant de nombreux dégâts, et, parfois, prend des vies, celles des enfants et des vieillards.
Ces quartiers champignons sont nombreux dans la capitale et l’absence d’une vraie politique d’urbanisation ou de plan d’urbanisme a fait que la capitale donne actuellement l’image d’un grand village où les bâtisses modernes côtoient les bidonvilles. Le problème est apparu dans les années 70 quand l’exode rural était à son comble. Le mirage des grandes villes était tel que les campagnards accouraient et construisaient un peu partout des maisons qui ressemblaient fort à celles qu’ils ont quittées, avec des toits de chaume et des murs en latérite, en bois ou, rarement, en tôle.
Les solutions sont multiples, mais il faut une volonté politique pour les appliquer. L’Etat doit penser à construire de nouvelles villes et désengorger la capitale. Il doit adopter une politique rurale qui incite les gens à rester chez eux ou à y revenir et raser complètement les quartiers qui ne respectent pas l’urbanité de la capitale. Il doit ainsi réfléchir à une politique de relogement pour redonner à la capitale ses lustres d’antan. C’est difficile, mais c’est possible.
