7 février 2009 – 7 février 2021, 12 ans après, l’horreur des fusillades d’Ambohitsirohitra hante toujours les esprits. Cet événement a accéléré le transfert, par le président de la République de l’époque Marc Ravalomanana, du plein pouvoir à un directoire militaire dirigé par les généraux Hypolite Ramaroson et Ranto Rabarisoa le 17 mars. Un transfert de pouvoir qui équivalait, même si les pro-Ravalomanana le contestent, à une démission. Et ce transfert n’était pas conforme à la constitution de la troisième République qui disposait qu’en cas de démission ou d’incapacité du président de la République en exercice, c’est le président du Sénat qui assure l’intérim jusqu’à l’élection d’un nouveau président de la République.
Le directoire militaire constitué n’était même pas en poste que ses membres transféraient déjà les pleins pouvoirs à Andry Rajoelina dans la nuit du 17 mars au 18 mars. Il a été dit que ce transfert a été fait de plein gré par les officiers généraux membres du directoire militaire. Mais le témoignage de celui qui a rédigé, à la main, l’ordonnance de transfert parle d’une toute autre histoire.
Selon la version de Norbert Ratsirahonana, les membres du directoire militaire étaient retenus au CAPSAT par des éléments de l’armée pro-Rajoelina et ont été contraints de signer l’ordonnance en échange de leur libération. La signature a été faite au Cercle Mess Soanierana vers une heure du matin le 18 mars 2009. Et Norbert Ratsirahonana, selon toujours son témoignage, a escorté les désormais ex-chefs du directoire militaire jusqu’à la sortie de leur lieu de détention après que leurs signatures aient été apposées à l’ordonnance de transfert de plein pouvoir à Andry Rajoelina.
Les dirigeants actuels craignent la réédition de ce scénario, mais cette fois-ci de la part du camp d’en face, celle de l’opposition dirigée par les victimes de 2009 dont principalement Marc Ravalomanana. Le rendez-vous de l’opposition de ce jour est perçu par les tenants du pouvoir comme une tentative de «putsch».
Les rôles joués par les deux parties sont inversés. Mais l’opposition a-t-elle le pouvoir de le faire? Les dirigeants ont-ils une raison d’avoir peur? Les observateurs sont sceptiques sur le sujet. L’opposition est tellement divisée et les militaires, acteurs principaux en 2009, n’étant pas partants pour un coup de force, font qu’une tentative de coup d’État populaire ou militaire est vouée à l’échec. Entre le vouloir et le pouvoir de l’opposition il y a un fossé. Et la démocratie n’a plus besoin d’une alternance de pouvoir hors élections.
Imprimer
