On ne pouvait pas ne pas savoir que cette deuxième vague serait beaucoup plus meurtrière et plus contagieuse que celle de l’année dernière. D’ailleurs, certains scientifiques parlent d’une nouvelle pandémie dans la pandémie. Avec les nouveaux variants disséminés dans le monde, la planète toute entière savait depuis janvier que la situation sanitaire se compliquerait.
Gouverner c’est prévoir. A Madagascar on s’étonne que la pandémie de la covid-19 frappe de plein fouet le pays. Malgré les 121 morts du mois de mars, on hésite, on tâtonne, on traîne à prendre des décisions radicales pour freiner les contaminations. En tout cas c’est ce que ressent l’opinion public en général. Ira-t-on vers un reconfinement ou plutôt assurer un meilleur contrôle des gestes barrières ?
Les malgaches sont encore divisés sur ce sujet. Il est évident que personne ne sera content d’être reconfiné. Mais la difficulté d’appliquer les gestes barrières en permanence est aussi une réalité. Les médecins sont favorables à un confinement du pays pour essayer de contrôler la circulation du virus. Pour eux, les zones à forte incidence doivent, au moins, être isolées pour freiner la propagation de la maladie. Des économistes sont moins enthousiastes à cette hypothèse puisque le pays ne pourra plus supporter l’arrêt total de l’économie sans un appui social et économique conséquent de l’Etat.
Les décideurs se trouvent désormais entre le marteau et l’enclume. Comment échapper à cette situation sanitaire dramatique. Les victimes se multiplient et ce n’est que le début. Vu l’évolution des chiffres, la hausse du nombre de décès prend l’allure d’une courbe exponentielle confient des spécialistes. Mais jusque là, aucune mesure de limitation des déplacements n’est imposée dans les zones de fortes affluences comme les marchés, les bureaux publics, les casinos, les boites de nuits, les karaokés, … là où les regroupements sont importants. Et quand la jauge des réunions reste encore à 200 personnes, on se pose des questions !
On rappelle juste qu’en Europe, dans les zones à forte contamination, cela fait depuis des mois qu’on ne peut se regrouper au-delà de 6 personnes et que le couvre-feu est appliqué. Ce qui ne les a pas empêchés d’enregistrer plusieurs dizaines de milliers de nouvelles contaminations chaque jour. Dans les îles voisines, des mesures drastiques ont aussi été décidées depuis de nombreuses semaines pour tenter de freiner les fortes contaminations. On le rappelle, les nouveaux variants sont au moins 50% plus contagieux et mortels que le virus souche.
Proposé par les éminents médecins de l’académie nationale de médecine de Madagascar, le plan de vaccination tarde encore à se mettre en place. Deux semaines après leur premier rapport sur la nécessité des vaccins pour protéger les Malgaches, aucune perspective n’est perceptible. Quel vaccin sera importé ? Quelle catégorie de personnes va-t-on prioriser ? Où seront installés les points de vaccination? Autant de questions qui méritent des réponses urgentes.
Les médecins du pays sont à bout. Les hôpitaux sont saturés. Les médicaments nécessaires aux traitements commencent à se faire rares. Les approvisionnements en oxygène sont perturbés et les stocks sont menacés de rupture. Une situation qui n’a rien de Joyeux en cette période de Pâques.
Point de vue : Gouverner c’est prévoir
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