Iles éparses : il faut ratisser large
Notre revendication des « Îles éparses » est légale et légitime. Ces îles nous reviennent de droit, quoi qu’en disent les Français. Elles ne sont ni Mayotte ni l’Île de la Réunion et encore moins la Guadeloupe ou la Martinique, des départements français d’outre-mer dont les populations ont accepté la tutelle française.
Nous pouvons nous appuyer sur la proximité de ces îles à Madagascar et sur la résolution des Nations Unies qui spécifie qu’elles nous reviennent de droit et que nous en avons l’entière souveraineté. Mais la France, depuis, fait la sourde oreille et a même autorisé l’exploration et, éventuellement, l’exploitation d’un énorme gisement de pétrole et de gaz dans le sous sol marin de Juan de Nova.
L’Etat malgache qui n’a pas encore protesté officiellement contre cette décision, roule pour un système de cogestion, et négocie, semble-t-il, silencieusement avec la France. Contrairement aux « nationalistes » malgaches qui ont trouvé un intérêt subit à la revendication de ces îles et qui orchestre des actions qu’ils veulent spectaculaires et peut-être décisives.
Parmi elles, la manifestation de samedi prochain au jardin d’Ambohijatovo, initiée par un mouvement dont les leaders sont pour la plupart des « dinosaures » politiques bien connus pour leurs antécédents. Et c’est là que le bât blesse. Car pour bien d’observateurs, la politisation de l’affaire pourrait nuire à la procédure de réintégration de ces îles à Madagascar.
Il ne faut pas voir ici le côté péjoratif du terme « politisation » car même le combat pour la restitution de ces îles est éminement politique. La politisation dans le contexte actuel est de se servir de cette affaire comme un cheval de bataille à des fins politiques. Ces leaders ne peuvent pas s’en cacher : ils veulent déstabiliser le pouvoir en titillant la fibre patriotique des Malgaches. Leurs discours en disent long sur leurs objectifs : un véritable procès contre le régime, une diatribe contre le président de la République, accusé de haute trahison pour avoir accepté la présumée proposition française. De là à demander une autre procédure de déchéance par le biais de l’Assemblée nationale en se servant de ce motif, il n’y a qu’un pas.
La pétition pour la restitution de ces îles aurait reçu quelques 7 000 signatures. C’est beaucoup mais c’est bien peu par rapport aux 20 millions de malgaches. Et que dire des autres régions de l’île, de ces autres malgaches qui ne savent même pas que les Îles éparses existent ? Ne vaut-il pas mieux faire connaître aux Malgaches tout d’abord les tenants et aboutissants de l’affaire avant de s’aventurer à organiser des manifestations dont les retombées sont incertaines ? Car, on le dit souvent, il ne faut pas mettre la charrue avant les bœufs. Il faut que ce mouvement soit d’abord national avant d’espérer en tirer profit.
