Situation complexe. C’est ce qui se lit actuellement dans le climat politique de notre pays. L’incompréhension se lit dans cet imbroglio qui vient de nouveau entacher ce climat suffisamment détérioré par le bras de fer entre les deux chambres du parlement. Les députés d’une part, qui ne veulent pas jusqu’ici, entendre et faire entendre l’opinion des Sénateurs, ont supprimé tous les amendements initiés auprès de la Chambre Haute. Et pour terminer en beauté cette querelle politique entre les deux Chambres, la dernière décision du Sénat a été rejetée par l’Assemblée Nationale.
Quelle a été la manœuvre dans toute cette histoire ? En tout cas, les deux Chambres avaient encore la possibilité de se concerter pour aboutir à une entente avant de prendre la décision radicale de jouer la carte de la navette. Une commission paritaire aurait pu être mise en place en tenant compte des amendements des deux parties. Et en cas d’échec, c’est là que la voie ultime de la légifération par voie d’ordonnance sera initiée. A cette allure, le Président de la République n’aura plus le choix que de promulguer une ordonnance portant loi des Finances 2020 et ce, avant le 31 décembre 2020 à 23h59. Autrement, Madagascar entrera dans une situation exceptionnelle. En effet, le Premier ministre est autorisé à percevoir les impôts et ouvre par décret les crédits se rapportant aux services votés. Une autorisation qui demandera tout de même le vote d’une loi spéciale par les deux Chambres du Parlement. Un cas de figure que bon nombre d’économistes ne souhaiteront pas affronter puisque cela pourra ouvrir la voie à une incertitude en termes de prévisions budgétaires.
Ce sera d’ailleurs un nouveau test pour le régime actuel, sur le plan juridico-politique. N’oublions pas que le Chef de l’Etat qui promulguera la loi des finances par voie d’ordonnance, a le devoir de prendre en considération les amendements des deux chambres du parlement, du moins l’une d’entre elles. Comment va-t-il procéder pour éviter le risque d’une crise institutionnelle tout en maintenant le principe de séparation des pouvoirs ? Un exercice politique toujours difficile dans un pays républicain où l’interdépendance entre les Institutions demande le respect de tous les acteurs concernés et même s’ils ne sont pas de la même couleur politique que soi. C’est parfois difficile à entreprendre, mais respecter la République réclame beaucoup d’humilité, au détriment de l’égocentrisme.
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