Antananarivo suffoque. Depuis plusieurs jours, la capitale est asphyxiée par une forte pollution caractérisée par une épaisse fumée qui la recouvre tel un grand manteau blanc. Alors que nous entrons de plain-pied dans les fortes chaleurs de l’été, nous n’avons eu que quelques pluies sporadiques, visiblement compromises par cet épais brouillard suffocant, favorisé par de fortes pressions de particules polluantes dans l’atmosphère. Une situation attribuée par les scientifiques aux intenses feux de brousse qui sévissent dans les périphéries.
Les habitants ont commencé à manifester leur préoccupation d’autant que, selon le rapport publié par la surveillance de la qualité de l’air auprès du service de météorologie, la pollution de l’air était ces dernières semaines 4 fois plus élevée que la normale. Les concentrations des particules fines PM2.5 dépassent largement le seuil recommandé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Un niveau de pollution pouvant atteindre les 100µg/m3 a été enregistré dans la capitale au cours de ces 3 derniers jours au lieu de 15, seuil de référence de l’OMS. La situation est d’autant plus alarmante que les répercussions commencent à impacter la santé de la population.
Le nombre de personnes souffrant de broncho-pneumopathie chronique obstructive, d’asthme et d’autres difficultés respiratoires augmente de façon significative auprès des services des urgences. Depuis quelques années, les spécialistes mènent une campagne d’alerte à la pollution de l’air, qui constitue un véritable danger pour la santé. Un appel qui, semble-t-il, demeure sans écho.
Alors qu’un décès sur 5 serait lié à la pollution dans le monde, selon une étude menée récemment la pollution de l’air constituerait la cause de 22,3% des décès à Madagascar. 31% des décès prématurés seraient dus à des maladies respiratoires et à l’exacerbation de troubles cardiovasculaires liées à cette pollution. Outre les feux de brousse et les fumées des voitures, d’autres facteurs de pollution sont également relevés, pour ne citer que la pollution due aux industries, aux chaudières des briquetiers dans les plaines de la ville, à l’incinération des déchets ou encore des plastiques… Les autorités ont apparemment des difficultés à gérer la situation.
Combien de temps encore devrait-on endurer ce phénomène ? Alors que Madagascar s’est engagé dans la lutte contre le changement climatique durant la COP26, une prise de conscience collective ainsi qu’un changement de mentalité s’impose avant tout, outre la mise en œuvre de projets structurants visant à apporter un changement durable
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