La vérité, rien que la vérité
Il est donc acquis depuis la semaine dernière que la vérité des prix est atteinte pour les carburants. Parce qu’il n’y a eu ni hausse ni baisse des prix à la pompe depuis un certain temps, ceux qui sont affichés actuellement sont donc les bons.
La raison des subventions, décriées depuis toujours par les bailleurs de fonds, est que les compagnies pétrolières, pour pouvoir tirer des bénéfices, doivent vendre plus que les prix actuels. C’est ainsi que l’Etat a décidé de bloquer les prix à un niveau supportable par les usagers et préfère payer aux compagnies la différence. Au détriment du budget général, certes, mais au moins, cela le préserve d’une explosion sociale aux conséquences imprévisibles.
Cette vérité des prix est désormais atteinte. Mais quelle vérité? Jusqu’à preuve du contraire, le citoyen lambda l’ignore. Les responsables sont, paraît-il, tenus au secret et se cantonnent à la langue de bois, expliquant ici et là que plusieurs critères entrent en compte dans le calcul des prix et qu’il est difficile de les expliciter au public.
Des observateurs, il y a quelque temps, ont avancé qu’il existe une certaine entente entre les compagnies pétrolières et l’Etat sur la fixation des prix. Depuis la baisse du cours mondial du pétrole, l’Etat aurait cessé de payer les subventions et aurait préféré faire croire qu’il continue de le faire en prévision des besoins en fuel pour alimenter les centrales thermiques de la Jirama et amoindrir ainsi les délestages.
Vrai ou faux, une grosse épine a été enlevée du pied du gouvernement qui a, au moins, réalisé une des conditions des bailleurs de fonds. Il reste encore les cas de la Jirama et de la compagnie aérienne Air Madagascar qui ont besoin d’une aide pour fonctionner normalement.
Le régime est au pied du mur puisque la Jirama, à l’heure actuelle, est dans l’impossibilité de se satisfaire à ses besoins. La compagnie nationale à son tour est un gouffre financier mais reste un symbole de la fièrté et de la souveraineté nationale. Prendre une décison radicale pour cette dernière signifie effacer plusieurs années d’histoire et mettre à la porte des milliers d’employés qui iront gonfler le rang des chômeurs.
Pour les bailleurs de fonds, c’est cette vérité qui blesse. Ils n’ont pas la même conception des valeurs humaines malgaches qui font parler souvent le cœur plutôt que la raison. Pour Bretton Woods, Air Madagascar devrait prendre exemple sur Madagascar Airways qui, avec un seul avion, prévoit de faire des bénéfices en exploitant les lignes intérieures malgaches. Pour espérer les financements futurs, le régime doit pouvoir convaincre les institutions finançières de cette vérité « du cœur ». Le chemin est encore long…
