Le droit de pleurer leurs morts
La réaction des malgaches par rapport aux attentats de Paris révèle assez des rapports conflictueux que nous entretenons avec la France. Sur les réseaux sociaux, si les uns compatissent avec les victimes et leurs proches, d’autres sont asez virulents et ramènent toutes leurs colères sur la politique étrangère de la France, notamment son occupation des Îles éparses en ce qui concerne Madagascar.
Difficile de constater que les Malgaches sont devenus insensibles par rapport à la mort. Un carnage de surcroît. Les psychologues comme les sociologues auront leur explication, mais face aux attentats qui ont ensanglanté Paris, il est tout simplement consternant que des posts sur Facebook en font l’apologie. Et ceux qui, par compassion, revêtent leur photo de profil du drapeau français se font descendre au lance-flamme.
La faute incombe peut-être aux Français d’avoir armé les djihadistes dans leur désir de chasser Bachar A-Assad du pouvoir en Syrie avant de se raviser et de les bombarder. Ils ont peut-être tort d’ignorer la légitime revendication malgache sur les Îles éparses. Mais une de nos valeurs veut que nous partagions toujours le malheur de ceux qui ont perdu des proches, et ceci d’autant plus dans des circonstances dramatiques.
Un argument, assez élémentaire, mais qui pourrait réfréner l’enthousiasme des uns serait de leur dire que ce ne sont pas tous les Français qui veulent coloniser les Îles éparses et peut-être que parmi ceux qui sont morts, vendredi dernier, y avait-il un ou plusieurs qui étaient farouchement opposés à la politique étrangère française. Mais ils sont morts, fauchés par les balles et les bombes des terroristes qui n’ont pas fait la distinction entre les bons et les « mauvais » français.
Que dire de nos 3 compatriotes qui ont perdu la vie dans ces attentats ? Et de la française qui ne voulait que du bien aux enfants orphelins malgaches ? Oserons-nous encore nous en rejouir ou de les mettre dans le tas des français « colonisateurs » ? Le drame serait que ce conflit ne s’internationalise. Il y avait déjà eu des attentats au Kenya, en Somalie… pour dire que les terroristes sont déjà à nos portes.
Et pour clore le tout, il nous faut savoir que pour l’essentiel de nos problèmes, si nous ne parlons que du « kere » dans le sud, ce sont, malheureusement, les étrangers qui sont en première ligne pour nous fournir des aides. Bien peu de Malgaches s’en apitoient. Alors, laissons-leur le droit de pleurer leurs morts et aux autres de compatir.
