Ne pas se tromper de cible
Les opérations militaires dans le sud et le sud est de Madagascar contre les Dahalo se poursuivent. Si elles visent à faire revenir le calme dans ces parties du pays, des voix s’élèvent actuellement sur la méthode utilisée par les soldats dans leur traque des bandits.
Dépourvus de renseignements fiables, les militaires se basent essentiellement sur la délation, sur des témoignages souvent farfelus de gens présumés victimes. Le mode opératoire est partout le même : le village présumé abriter les dahalo sont rasés et ceux qui persistent à protéger leurs biens sont considérés comme des complices et traités comme tels.
D’une part, il est impossible de venir à bout des dahalo qui sont, semble-t-il, mieux armés que l’Armée malgache sans les poursuivre jusque dans les fins fonds des « kizo », des vallées entourées de montagnes escarpées, en forme de cul de sac, qui n’ont qu’une seule voie d’entrée et de sortie. Les « dahalo » seuls en connaissent l’accès, et une fois dans leur tanière, il est presque impossible de les en déloger. Les bétails et les butins des attaques sont parqués dans ces lieux secrets.
D’autre part, les militaires, mal conseillés et ignorant le terrain, pour la plupart, réagissent souvent violemment en rendant coup pour coup. C’est ce qui s’est passé à Ankazoabo et dernièrement à Betroka quand leurs hommes sont tombés dans les traquenards des dahalo. Députés comme notables déplorent leurs réactions qu’ils qualifient d’irresponsables et irrespectueux des droits humains quand les militaires tirent sur tout ce qui bouge. Les victimes, selon ces autorités locales, sont pour la plupart innocentes et se sont trouvées sur le chemin des militaires au mauvais moment.
Nous sommes un peu comme en Syrie où il est désormais diificile de faire la différence entre les rebelles anti-Assad et les rebelles anti-Assad et anti-Daesh. Si les premiers sont combattus par l’armée régulière et maintenant par les Russes, les seconds sont appuyés militairement par les Américains et les Occidentaux alors qu’ils pourraient être également pro-Daesh.
Il est incontestable que les Dahalo dans les contrées où ils sévissent ne bénéficient pas de complicités des villageois eux-mêmes ou, les langues commencent à se délier, de certaines autorités qui partagent avec eux le pactole des attaques. Ainsi, pour ne pas se tromper de cible, une stratégie globale, réfléchie, cohérente et à laquelle tout le monde adhère est la mieux indiquée.
Les opérations « coups de poing », « tsimindaimody », «dahalo miova fo » et autres ont toutes échoué parce qu’elles n’ont pas bénéficié de l’accord ni de l’adhésion populaire. Les gens voient en les militaires des armées d’occupation ou de répression plutôt que des pacificateurs. C’est cette image qu’il faut changer.
