Ovation et réflexion
Ce fut chose faite hier à Addis Abeba lors de l’ouverture du 24è sommet de l’Union Africaine. Le nouveau président de la République malgache a été applaudi pendant plusieurs minutes par ses collègues. Petite délégation, grande signification. Et certainement une grande émotion pour Hery Rajaonarimampianiana. Pour la première fois, Madagascar a été ovationnée de cette manière. Petite délégation, grande ovation. C’est tout un peuple qui en ressentira la fierté certainement. Et lorsque l’on sait que cette délégation s’est déplacée dans la Capitale éthiopienne dans une grande humilité… Elle s’est démarquée des fastes de ses prédécesseurs par la mobilisation des ressources, réquisitionnant un Boeing d’Air Madagascar pour les uns, ou se déplaçant à bord d’avion présidentiel, pour d’autres. Le contraire aurait été ubuesque. Et on a vu de déplacements présidentiels incroyables en dépenses et en discours mirobolant.
Ne nous faisons pas d’illusions. Les salves d’applaudissements ne sont pas dénuées d’arrière pensée. L’Union Africaine est empêtrée dans la résorption de conflits difficiles comme celle de la Centrafrique ou du Soudan. Vive la fin de la crise à Madagascar bien que des diplomates eussent souhaité, avant la réintégration, la mise en place de l’Assemblée nationale, le nouveau gouvernement. L’Union Européenne et les États Unis attendent cela avant de mettre la main au chéquier…
Soyons réalistes. Au niveau du continent et du… monde, Madagascar n’est pas un poids lourd politique. A preuve, les médias qui couvrent cet événement n’en ont que pour la Cote d’Ivoire, le Soudan, la Centrafrique. Quelques mots sur Hery Rajaonarimampianina ont salué les efforts de l’Union Africaine. Ceux qui sont habitués des travées internationales savent que les pays comme Madagascar, sauf en cas de crise majeure avec des morts d’homme, ne représentent pas grand chose pour les grandes puissances.
Il nous appartient après ce sommet de serrer les rangs, selon les observateurs. Et c’est à nous de nous imposer, de faire valoir nos potentialités et nos ressources. Ne tombons pas dans le piège habituel du « tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil » de retour au pays. Ce qui s’est passé à l’Union Africaine nous pousse à relever le défi du développement.
Le nouveau président en avait besoin pour manœuvrer dans la cour des grands. Rajoelina en rêvait durant son mandat. Aujourd’hui, un boulevard est ouvert pour Hery Rajaonarimampianina : toutes les forces vives du pays sont prêtes à soutenir toutes les actions porteuses de développement et de vrai changement. Cela signifie état de grâce. Mais généralement, cela ne dure que 100 jours…
