Pour un développement basé sur les collectivités
Le FMI, la Banque Mondiale et bien d’organismes internationaux impliqués dans le financement du développement à Madagascar s’alignent sur une même position : réformes, d’abord, négociations sur l’enveloppe, ensuite. On se retrouve dans six mois, l’année prochaine.
Il ne faut pas s’en offusquer outre mesure. C’est leur argent dont il s’agit. Et c’est leur droit de veiller à ce qu’il ne soit plus, oui, le mot « plus » est écrit délibérément, jeté par la fenêtre. Nous avons la fâcheuse et déplorable habitude de descendre dans la rue, de renverser le régime à chaque fois que l’économie reprend du poil de la bête. Signe de relance en 1990. Soulèvement populaire en 1991. Reprise encourageante en 2001 et émeutes en 2002. Développement enclenché en 2008. Nouvelle crise en 2009.
Les bailleurs de fonds, baptisés partenaires techniques, ont raison de se méfier. Et avec les sénatoriales qui se préparent, on comprend leurs soucis. Les aides ne devraient pas servir indirectement des causes politiques. Madagascar va se contenter de ce qu’elle a et de ce qu’elle n’a pas.
C’est en connaissance de cause que les députés vont travailler la Loi de Finances 2016 et la Loi de Finances Rectificative 2015. Donc, on va garder un esprit d’austérité. Les dépenses seront revues à la baisse et de manière significative. Le budget de fonctionnement également. En revanche, les fonds destinés aux collectivités décentralisées seront nécessairement substantiels si nous voulons une décentralisation réussie. Les collectivités devraient devenir des noyaux de développement.
La question est de savoir si elles sont suffisamment préparées sur le plan de gestion et de ressources humaines. Mais, il le faut. La concentration de toutes les décisions et du budget entre les mains du pouvoir central a été la principale cause du non-développement pendant ces 30 années. C’est au niveau de la gestion des collectivités qu’il faut faire appel à l’assistance de pays qui ont réussi dans ce domaine. Et quand on parle de pays, il ne faut pas se tourner mécaniquement vers l’Occident. Il faut aussi coopérer avec des pays comme ceux qui ont vécu presque la même histoire sociale et économique ainsi que politique que nous. Comme le Vietnam, des pays africains comme le Ghana, l’Angola, le Rwanda…
