Pour un sommet utile
Le sommet de la Francophonie aura lieu à Madagascar l’année prochaine. Un rendez-vous de tous les pays utilisant tout ou en partie la langue française. Il va de soi que tous ces pays ont une histoire commune avec la France, notamment, ceux qui ont été anciennement colonisés dont Madagascar.
Si le voyage du Premier ministre en France a été l’occasion de parler du renouvellement de nos accords avec ce pays, le principal grief des Malgaches concerne l’annexion par les Français des « Îles éparses » à l’ouest de Madagascar.
Le président de la République a annoncé lors d’un de ses discours qu’il nous faudrait collaborer avec la France pour l’exploitation de ces îles, alors que les Nations Unies avaient déjà déclaré, dans l’une de ses résolutions, qu’elles nous reviennent de droit.
Fin septembre, la France a multiplié par deux sa surface grâce à quatre décrets. Ils fixent les limites extérieures du plateau continental français au large de la Martinique et de la Guadeloupe, de la Guyane, des îles Kerguelen et de la Nouvelle-Calédonie. La publication de ces textes découle des recommandations de la Commission des limites du plateau continental (CPLC), un organe établi par la convention des Nations Unies sur le droit de la mer. Elle permet aux pays côtiers d’étendre leur plateau continental s’ils démontrent que leur territoire terrestre se prolonge sur le fond des océans. Les droits d’un Etat ne s’exercent cependant que sur le sol et le sous-sol marin. Autrement dit, les richesses du sous-sol marin de ces îles reviennent de droit aux Français. Comme vous l’aurez remarqué, les « Iles éparses » ne sont pas concernées par ces nouveaux décrets.
De deux choses l’une : soit la France hésite encore à annexer officiellement les « Iles éparses », soit les négociations avec Madagascar se font en catimini. La tenue du sommet de la Francophonie à Madagascar serait une occasion pour tout remettre en question et de revendiquer nos droits, selon cette convention sur le droit de la mer.
Aucune logique ne permet aux Français de prendre possession de territoires situés à 10 000 kms de ses frontières. Madagascar ne pourrait jamais revendiquer l’île de Ré ou le Mont St Michel, même si, selon un mythe, un grand bateau venant de la Nouvelle-Guinée a échoué sur les côtes malgaches après une avarie avant de repartir des années plus tard et accoster finalement dans la partie sud de l’île française de la Corse.
Malgaches et Argentins mènent le même combat : l’Argentine pour les Malouines (propriété anglaise) et Madagascar pour les « Îles éparses ». La France n’a pas encore déposé sa demande auprès du CPLC concernant ces îles « Malgaches ». Elle les a faites pour Crozet, La Réunion, Saint-Paul et Amsterdam, Wallis et Futuna et Saint-Pierre-et-Miquelon. Une demande reste à faire pour la Polynésie française. Ce combat reste ainsi à mener pour que le sommet de la Francophonie soit au moins utile.
