Problème de leader
« Biby tsy manan-doha tsy mandeha », ou « une bête qui n’a pas de tête n’avance pas » est un proverbe bien malgache. Dans leur entreprise, les travaux d’intérêt général en particulier, les membres du fokonolona d’antan ont toujours besoin d’un leader, d’un chef d’orchestre en quelque sorte, qui entonne un chant pour donner le tempo et galvaniser les hommes. Cet homme a une place à part dans la société communautaire malgache car il est l’organisateur, lemaître d’œuvre de l’ouvrage. C’est lui qui désigne les hommes forts à l’avant et les plus faibles derrière. Sous la royauté, c’est le gouverneur qui le désigne et, plus tard, sous la colonisation, c’est le chef de canton qui choisit parmi les membres du fokonolona cet homme qui doit assurer la qualité et la finition du travail dans les temps.
Le terme « filoha » (président ou directeur) dérive de « loha », « tête », là où se trouve le cerveau. Pour nos aïeux donc, le «filoha » est celui qui dirige, qui pense, qui réfléchit et qui donne le tempo, l’élan nécessaire pour réaliser un ouvrage, pour atteindre un objectif. Et c’est ce qui manque dans notre société actuelle. A voir tous les mouvements nés des conjonctures passées ou actuelles, leur problème commun est cette absence de leader, de cette personne qui a certainement du charisme pour se faire respecter dans sa prise de décision. Dans l’histoire de Madagascar, des personnalités charismatiques, on peut citer les rois ou reines merina comme Andrianampoinimerina, Ranavalona 1ère, son fils Radama 1er, le 1er ministre Rainilaiarivony, les rois sakalava Andriandahifotsy, Andriamisara, et plus tard les Richard Andriamanjato, Didier Ratsiraka… et d’autres.
La semaine dernière, l’association « Mitsangàna ry Malagasy » a été créée. Elle est la soeur jumelle de l’Armada, une association des membres de l’opposition avec en tête de file le Mapar de Andry Rajoelina, rajoutée de quelques nouvelles têtes. Premier constat, la nouvelle association brille par la présence des vieux de la vieille qui ont participé aux différents régimes précédents et qui ne sont que des faire-valoir pour la plupart. Aucune personnalité ne se distingue de cette association, à même de remplir les critères d’un véritable leader, d’un « loha » accepté de tous. Idem pour le mouvement des journalistes réclamant la liberté de presse, les luttes intestines, les conflits d’intérêt et l’absence d’une véritable tête pensante font que le mouvement patine et ne fait pas l’unanimité. Il semble également que le pays attend encore celui ou celle qui va enfin le mener vers la voie du développement. Jusqu’à maintenant, ce vrai leader est à chercher. Il tarde à se manifester.
