Qui a tort ? Qui a raison ?
La crise qui affecte la compagnie nationale Air Madagascar est loin d’être banale. Elle ne peut se résoudre par le débrayage du personnel et encore moins par les intimidations des autorités dont certaines sont responsables, de près ou de loin, de la situation actuelle de cette compagnie.
La sortie de l’Annexe B de l’Union européenne (UE), en fait, ne dépend que de nous. Mettons nos appareils aux normes et les portes de l’Europe nous seront grandes ouvertes. En fait, la question devrait être la suivante : avons-nous consenti aux efforts qui nous ont été demandés ? En l’état actuel des choses, il semble que l’Etat, actionnaire majoritaire, et le personnel, vraie cheville ouvrière de la survie de la compagnie, ne sont pas unanimes sur le fond du problème et sur les solutions envisagées. D’où les tiraillements actuels. L’objectif est le même, sortir de l’Annexe B, mais les voies et les moyens pour y parvenir sont différents, voire même, contadictoires. Or, il serait plus raisonnable qu’ils soient complémentaires.
Il est maladroit de condamner ou de ne pas comprendre la frustration et l’empressement des syndicats du personnel d’Air Madagascar à résoudre le problème. Mais il est suicidaire également de priver la compagnie de ses ressources, les seules qui garantissent sa subsistance. Si les uns applaudissent le courage des syndicats dans leur prise de responsabilité, d’autres voient dans leur mouvement une certaine cacophonie, un certain jusqu’au boutisme qui est loin d’être salutaire pour la compagnie.
L’erreur serait pour l’Etat de considérer les leaders ou les grévistes comme des saboteurs de l’entreprise. Car lui-même a du mal à faire admettre au personnel qu’il consent aux efforts que la communauté européenne lui demande. En 2011, par exemple, si la location des deux Airbus A 340 était prévue pour contourner la sanction de l’UE, il s’avère que maintenant, la maintenance de ces deux aéronefs, trop vieux et trop gourmands en carburant, grève considérablement les finances de la compagnie. Certains membres du personnel se sont déjà levés contre cette décision, mais ils n’ont pas été écoutés. D’ailleurs, cette solution que l’on croyait radicale, n’a fait que creuser encore le fossé entre Madagascar et l’UE, en matière d’aviation civile.
L’on ne cessera de dire que le meilleur et le seul moyen pour la comppagnie de sortir la tête de l’eau est de revenir au dialogue. De mettre en commun les efforts et de trouver à chaque fois un consensus pour pouvoir défendre notre position. Il n’est pas utile de mener un combat en ordre dispersé car l’échec est assuré. Il n’est pas nécessaire non plus d’essayer de convaincre l’UE en lui proposant des solutions qui n’ont même pas obtenu l’adhésion du personnel. Il ne faut pas chercher à savoir qui a raison ou qui a tort. Nous sommes dans une situation où l’union fait vraiment la force.
