Qui osera taper dans le tas ?
Décidément, le trafic de bois de rose et la vie publique sont devenus inséparables. Le bois de rose est devenu un mot-signal, né de la transition et qui continue à faire des siennes jusqu’à maintenant. Le BIANCO a de nouveau levé un pan du voile. Les noms commencent à sortir publiquement. Le système « omerta » de protection commence à craquer, de l’avis des observateurs. Pourquoi ?
Le régime en place, sous la houlette du Président de la République, qui avait déclaré publiquement la guerre aux trafiquants de bois de rose, affiche une volonté de mettre un terme au trafic. Une entreprise difficile, car un réseau mafieux bien organisé et compartimenté s’est érigé depuis des années. Les banques ont beau gelé les comptes des suspects. En vain. Les liquidités, en centaines de milliards d’ariary, dorment ailleurs. Un réseau financier souterrain existe. Et il alimente la filière, de la coupe à l’embarquement. Les achats se font probablement en devises dans des comptes bancaires, dans les pays asiatiques ou arabes.
Le SAMIFIN a un rôle important à jouer car, maintenant, Madagascar vient d’adhérer au système mondial de traçage de blanchiment d’argent. Des opportunités lui sont offertes. Et ce n’est pas tout, plusieurs pays et organismes internationaux dont et surtout les Etats-Unis et la Banque mondiale ont exprimé leur soutien à la lutte contre le trafic de bois précieux. Quoique on attend l’attitude du gouvernement chinois, car le trafic de bois de rose se dirige, essentiellement, vers la Chine et des pays du Dragon, comme la Thaïlande.
Madagascar est une Grande île, mais c’est un petit pays, un gros village où un jour à l’autre, tôt ou tard, tout se sait. On connaît le nom des barons du trafic de bois de rose. On connaît les lieux d’embarquement ; les reportages de chaînes étrangères ont montré la filière, les lieux de coupe, le moyen de transport, l’argent versé par les collecteurs aux riverains et aux coupeurs… On connaît même les grands patrons. Leurs protecteurs civils, militaires et judiciaires. Mais on ne connaît personne suffisamment propre et osée, capable de donner réellement un coup de pied dans la fourmilière. Peut-être que cette personne existe. Mais qu’elle attend du Président de la République, du Premier Ministre, des Forces de l’ordre et de la Justice des signes forts de volonté et de non-tolérance.
