Singaporegate
Mine de rien, cette affaire de bois de rose saisis à Singapour, même si elle n’intéresse qu’une frange bien minime de la population, va faire du bruit. Et pour cause. De très hautes personnalités malgaches dont la plupart avait des postes de décision au sein du régime de transition seraient impliquées. Nos journalistes ont les noms de ces personnes, mais à cause de la présomption d’innocence et du climat politique délétère à Madagascar, nous préférons tout d’abord ne pas les divulguer.
Si ailleurs, dévoiler par voie de presse les noms de personnalités ayant trempé dans de telles affaires n’exposent à rien leurs auteurs, si les sources sont bien fondées, chez nous, le danger est réél pour ceux qui osent porter atteinte à l’intégrité bien ternie de ceux qui détiennent ou ont détenu le pouvoir. Des journalistes du Groupe Ma-TV, pour avoir cité le nom d’un opérateur bien connu à Toamasina dans cette affaire, attendent encore leur procès prévu vers la mi-mai.
La communauté internationale, elle, s’y intéresse. Et au plus haut point. Le gouvernement doit veiller à ce que tout soit clair comme l’eau de roche dans cette affaire. Il doit faire pression sur les personnes convoquées pour qu’elles se rendent à Singapour, honorer la réquisition de la justice locale. La crédibilité du régime en dépend, et, en conséquence, l’assurance de « l’ouverture des robinets » des bailleurs de fonds, notamment, ceux qui hésitent encore à accorder leur confiance aux tenants du pouvoir actuels.
Il va sans dire que les investigations pourront encore révéler d’autres noms. Car il s’agit d’un réseau bien protégé qui a ses ramifications aussi bien à Madagascar qu’en Afrique de l’Est, où transitent souvent les cargaisons, et en Asie. Si les USA ont leur Watergate qui a obligé le président Nixon à démissionner, ou le foot mondial sa FIFAgate qui a ébranlé ses hautes instances, Madagascar pourrait avoir son Singaporegate aux conséquences imprévisibles. Nous saurons, au moins, qui sont ces gens qui se sont enrichis en un clin d’œil en dilapidant les ressources naturelles malgaches.
