Toucher… les fonds
Il a fallu de peu pour que Madagascar ne touche… le fond. La première vraie crise malgache, celle de 1972, a duré 3 ans, celle de 1991, quelques mois, celle de 2002, environ un an, et la dernière, celle de 2009, en 2014, nous n’en sommes pas encore sortis. Enfin, pas complètement. Disons que le bout du tunnel n’est pas loin mais nous sommes encore en plein dedans.
La crise, globalement, c’est quand tous les voyants économiques, sociaux et autres sont au rouge. C’est quand rien ne marche plus au pays, sauf le « bizness », les affaires de ceux qui tirent profit de la situation, du plus haut sommet de l’Etat, jusqu’au petit marchand à la sauvette qui ne paie ni taxe ni impôt.
Le dénominateur commun de toutes les crises malgaches est la rupture des relations avec les bailleurs de fonds. En 1972, la France, après les nouveaux accords de coopération diligentés par le Capitaine de Corvette Didier Ratsiraka, a gelé tous les fonds qu’il a accordés à la première République. Le même Didier Ratsiraka, en 1975 a fait sien ce qu’il appelle la « coopération tout azimut » en privilégiant les rapports avec les pays de l’Est (le bloc communiste avec l’URSS en tête de file) au détriment du bloc capitaliste. Les quadragénaires actuels se souviennent des longues files devant les bureaux du fokontany pour s’approvisionner en PPN, principal fait marquant de la seconde République. En 2002, les bailleurs de fonds traditionnels (FMI et BM) ont attendu la mise en place du nouveau régime Ravalomanana pour renouer les relations. Et enfin, en 2009, jusqu’à maintenant, les fonds n’arrivent qu’au compte goutte, compte tenu de la situation actuelle et après la rupture vers la fin de l’année 2008.
Hery Rajaonarimampianina, le nouveau président de la République, après Washington et Paris, est actuellement à Bruxelles. Mises à part les tractations diplomatiques inhérentes à de tels déplacements, le président malgache et sa délégation sont en quête du nerf de la guerre : les fonds pour le développement de Madagascar. Jusqu’à hier, il a obtenu des « promesses » mais rien encore de bien consistant. Tout dépend, semble-t-il, du vrai retour à la normalité, à savoir la formation d’un nouveau gouvernement et, bien entendu, de la nomination du Premier ministre qui sera chargé de l’exécution du programme présidentiel.
En fait, le président de la République a les cartes en main. Jusqu’à ce voyage à Bruxelles, au sommet de l’U.E/Afrique, il s’est bien gardé de les dévoiler. Non pour maintenir le suspense que d’aucuns trouvent trop long, mais plutôt pour bien avancer ses pions en sachant les objectifs à atteindre. Cette démarche, assez obscure pour certains politiciens malgaches, est partagée par certaines têtes pensantes des institutions internationales. Bref, le président malgache veut voir loin et ne voudrait pas seulement… toucher les fonds.
